Alors que les conclusions alarmantes de l’étude menée par Gilles-Eric Séralini continuent de faire le buzz, renforçant encore l’inquiétude des Français vis à vis des OGM, ces conclusions commencent déjà à être discutées, notamment à l’étranger. Des chercheurs américains et britanniques critiquent notamment la méthodologie utilisée.
Tandis la presse et la Toile continuent de s’enflammer après la publication des conclusions de l’étude menée par l’équipe de Gilles-Eric Séralini, à l’Université de Caen, le Figaro s’est intéressé au point de vue de certains chercheurs hors de nos frontières, et qui se montrent nettement plus prudentsavec les conclusions de cette enquête. Joue-t-on à se faire peur ?
Ainsi Bruce Chassy, professeur émérite des sciences de l’alimentation à l’Université de l’Illinois, qualifie l’étude financée en partie par la CRIIGEN, association militante anti-OGM de « coup médiatique« . « Ce n’est pas une publication scientifique innocente, mais un coup médiatique soigneusement préparé« , confie-t-il au New-York Times. Et il n’est pas le seul à émettre des critiques vis à vis de la méthodologie utilisée à Caen.
Des rats sujets aux tumeurs
Comme l’évoque le Figaro, d’autres chercheurs américains commentent allègrement cette étude. Ainsi Le Los Angeles Times reprend les propos d’un scientifique qui souligne que « le type de rats utilisés a une forte prédisposition au développement de tumeurs, ce qui rend les résultats difficiles à interpréter« . Un argument repris par un spécialiste britannique de l’alimentation.
Selon Tom Sanders, ce type de rats présente d’autant plus facilement des tumeurs qu’ils sont abondamment nourris, ou nourris avec un maïs contaminé par un certain champignon. « Il n’y a pas de données sur la quantité d’aliments ingérés ni de tests sur la présence ou non de champignons, on ne peut donc pas dire si ces éléments sont en cause« , écrit-il dans le New Scientist.
Le Figaro note également de nombreuses critiques quant au nombre de rats constituant l’échantillon testé. Si les chercheurs mettent en avant 200 rats, il n’y aurait au final que 10 rats dans chaque groupe testé. Enfin, le quotidien rapporte que le Los Angeles Times s’étonne de la gravité des symptômes observés n’augmente pas avec les doses d’OGM et d’herbicide donné aux rats, voire l’inverse.
Pas de conclusion hâtive pour le Dr Fellous
S’il est intéressant de s’interroger de façon critique sur les conclusions de cette étude, il convient toutefois de bien cerner de qui émane tel ou tel discours, surtout si ce dernier émane des Etats-Unis, patrie du très puissant Monsanto, dont on connait l’influence dans le domaine scientifique. Toutefois, même s’il s’agit d’un sujet très sensible, qui suscite toujours de vives réactions, les critiques méritent néanmoins d’être entendues, voire creusées.
Interviewé aujourd’hui sur RMC, Marc Fellous, professeur de génétique à l’Université Paris 7 conseille lui aussi d’éviter toute conclusion hâtive, suite aux résultats de cette étude. Rappelant que l’ensemble de la littérature scientifique internationale contredit cette seule étude française, le président de la Commission du génie biomoléculaire, chargé de l’étude des risques liés aux OGM, affirme qu’il faut attendre l’avis notamment de l’Anses pour se faire une idée plus précise de la question.
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