Pas encore jugée, l’affaire du Mediator semble se dégonfler. A en croire Le Parisien, 86% des dossiers de malades déjà examinés par le collège d’experts de l’Office national d’indemnisation des accidents médicaux auraient été jugés « sans lien de causalité » entre la prise de Mediator et une pathologie cardiaque.
A l’origine antidiabétique mais prescrit en masse pendant des années comme coupe-faim, le Mediator commercialisé par les Laboratoires Servier est soupçonné d’avoir provoqué la mort de centaines de personnes et des milliers de pathologies valvulaires. Or, dans le long processus d’indemnisation mis en place depuis 2011, les dossiers recevables seraient pour l’heure plutôt rares.
Selon le Parisien, sur les 831 dossiers médicaux sur lesquels se sont penchés les experts depuis septembre 2011, 712 auraient été rejetés et 112 jugés recevables, 7 patients ayant renoncé aux poursuites. Et lorsque le lien de causalité a été reconnu, les experts n’auraient retenu qu’une incapacité « très faible« , limitée en majorité entre 5 et 10%.
Encore des milliers de dossiers à examiner
Si les chiffres révélés par le quotidien semble a priori surprenants, ils ne sont que partiels puisque les expertises sont loin d’être terminées. « Il nous reste quelques milliers de dossiers à examiner. Il est donc trop tôt pour établir un bilan. Il est vrai cependant que la situation est plus compliquée que prévu » affirme Eric Rance, directeur de l’Oniam, dans Le Parisien.
Comme souvent dans ce type de procédure, les exigences et les critères de sélection des experts semblent trop restrictives, voire injustes pour de nombreuses victimes. C’est également le cas avec l’Oniam. Si Irène Frachon, médecin au CHU de Brest regrette cette situation, les Laboratoires Servier voient dans ces faibles chiffres d’indemnisation la preuve concrète de la relative innocuité de leur médicament vedette.
Selon les estimations fluctuantes des pouvoirs publics, entre 500 et 2 000 personnes pourraient être victimes du Mediator. En juin dernier, l’Oniam estimait le nombre de dossiers déposés à environ 7 000. « Je suis très attentive à ce que les victimes soient correctement indemnisées » a affirmé ce matin Marisol Touraine, ministre de la Santé, à la sortie du Conseil des ministres. Des paroles qui sonnent plutôt creux.
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