Et si l’avenir de l’automobile s’écrivait actuellement à Bedford, près de Boston ? C’est en tout cas le pari de l’allemand Audi qui a noué un partenariat stratégique avec Joule Unlimited pour l’aider à développer un nouveau carburant aux vertus quasi magiques : propre, renouvelable, et abordable.
Joule Unlimited vient de se voir décerner mi-novembre le titre de start-up verte la plus prometteuse de l’année par le New England Clean Energy Council (NECEC). Un titre parmi d’autres pour cette start-up considérée comme une pépite mondiale en matière d’énergie, qui ambitionne de produire un carburant tout à la fois vert et pas cher.
Car la jeune entreprise américaine ambitionne de remplacer rapidement le bon vieux pétrole par un carburant propre, renouvelable et rentable, produit simplement avec de l’eau, du soleil et du CO2. Un rêve éveillé ? Non, plus vraiment, tant le projet de Joule Unlimited semble prometteur et exploitable à relativement cout terme.
Des bactéries, de l’eau, du CO2 et du soleil
Pour réaliser une telle gageure, Joule Unlimited mise sur des bactéries aux vertus miraculeuses. Mesurant seulement 3 millièmes de millimètre, ces bactéries seraient capables de produire de l’éthanol et du gazole lorsqu’elles sont plongées dans de l’eau salée ou usée associée avec du CO2 issu par exemple de rejets industriels. Exposées à la lumière du soleil, ces bactéries utiliseraient la photosynthèse pour produire de l’éthanol et du gazole.
Déjà attractive, cette production renouvelable se révélerait également particulièrement facile à produire et écologique. En effet, ce carburant issu d’une solution aqueuse associée au CO2 serait particulièrement facile à produire et donc plutôt bon marché. Par ailleurs, sa production pourrait être implantée un peu partout dans le monde, pourvu que les sites disposent d’eau de mer ou d’eau usée, de CO2 issu par exemple d’activités industrielles, et de soleil, sans concurrencer directement le foncier agricole, à la différence des biocarburants.
A la sortie, ce carburant éthanol aurait les mêmes propriétés chimiques que du bioéthanol. Concrètement, mélangé avec 15% d’essence fossile, il pourrait facilement alimenter les véhicules conçus pour fonctionner au superéthanol E85.
Très haut rendement
S’agissant du diesel, c’est encore mieux car à la différence du gazole classique, il serait exempt de soufre et de composés aromatiques. Grâce à son indice de cétane élevé (100 au lieu de 55), il procurerait même de meilleures performances et pourrait alimenter facilement des moteurs TDI.
Et ce carburant aux nombreuses vertus se révèle également neutre en termes d’émissions de CO2. Car les rejets des pots d’échappement seraient entièrement compensés par le CO2 nécessaire à sa fabrication.
Et les premières estimations de rendement sont très encourageantes. Partenaire financier du projet, Audi annonce un rendement potentiel de 75 000 l/ha/an pour ce e-ethanol, contre seulement 7 000 l/ha/an pour le bioéthanol produit à partir de la betterave. Pour l’e-diesel, le chiffre serait de 50 000 l/ha/an contre 1 000 l/ha/an pour le biodiésel.
Seulement 0,25 ? le litre
Après une première phase d’expérimentation, Joule Unlimited construit actuellement une première unité de production grandeur nature à Hobbs dans l’État du Nouveau-Mexique, qui devrait être opérationnelle dans les prochaines semaines. L’entreprise américaine prévoit une mise sur le marché dès 2014 pour le e-ethanol et 2016 pour le e-diesel, pour un coût de production estimé à seulement 0,25 ? le litre pour les deux carburants de synthèse.
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