Si la catastrophe de Fukushima Daiichi semble désormais un souvenir, elle reste d’une terrible actualité pour des centaines de milliers de japonais toujours victimes d’une irradiation quotidienne et inquiétante.
En 2011, des centaines de milliers de personnes ont déjà reçu « des doses très largement supérieures » aux limites « acceptables ». En 2012, elles sont nombreuses à continuer à accumuler des doses nettement supérieures à 1 mSv. C’est le triste constat que fait aujourd’hui la Criirad, la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité, associée à son homologue nippon CRMS.
Beaucoup de gens vivent toujours sur des territoires très contaminés rappelle le laboratoire indépendant. Durant les premières semaines après le 11 mars 2011, les dépôts radioactifs de césium ont été de grande ampleur au Japon. Et seule la population vivant dans le cercle de 20 km autour de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi a été évacuée durant les premiers jours de la catastrophe alors que les retombées ont affecté un très vaste territoire, bien au delà de la zone de 20 km et des limites de la préfecture de Fukushima.
Jusqu’à 30 ans de contamination
Les dépôts de césium 134 et 137 sont à l’origine d’une contamination durable. Ces radiations peuvent traverser les murs et les fenêtres et irradier les gens même lorsqu’ils sont à l’intérieur souligne Bruno Chareyron, directeur de la Criirad. Et cette irradiation va malheureusement décroître « très lentement » souligne l’ingénieur en physique nucléaire entre 2 et 30 ans.
Les dépôts de césium 137 dépassent 30 000 Bq/m2 sur une grande partie des préfectures de Fukushima, Tochigi et Gunma et également des portions des préfectures de Miyagi, Ibaraki et Chiba affirme le laboratoire. La Criirad rappelle que certaines populations évacuées seulement plusieurs semaines après la catastrophe ont subi une exposition supérieure à 20 milliSieverts par an, correspondant à des risques de cancer 20 fois supérieurs au niveau jugé habituellement « acceptable ».
Des centaines de milliers de japonais contaminés quotidiennement
Et cette situation perdure. Selon les relevés des cartes officielles publiées par le MEXT, une vaste partie de la préfecture de Fukushima mais des territoires des préfectures de Miyagi, Tochigi, Gunma, Ibaraki et Chiba restent exposées à des doses de radiation « inacceptables ». Au total, ce sont des centaines de milliers de personnes qui sont quotidiennement polluées et potentiellement en danger, en l’absence de mesures de protection appropriées.
Inquiet par la situation constatée sur place, dans différents villages exposés, Bruno Chareyron estime qu’ « une mobilisation internationale est nécessaire pour que la législation garantisse un abaissement significatif des doses que continuent à accumuler les citoyens japonais, dont les enfants et les femmes enceintes ».
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