Toujours en pointe sur la question des pesticides, Générations Futures révèle un « tour de passe-passe » des instances européennes qui permet de diviser « artificiellement » par deux les concentrations officielles de pesticides dans nos assiettes. Et pendant ce temps là, leur pourcentage dans les fruits et légumes continuerait à augmenter pour dépasser désormais les 40%.
C’est un nouveau lièvre que soulève aujourd’hui l’ONG de François Veillerette. Selon ses informations, la Direction Générale Santé consommation (DG Sanco) de la Commission européenne diviserait « artificiellement » par 2 les concentrations officielles de pesticides dans nos assiettes. Cette bidouille permettrait de faire chuter le nombre de dépassements des Limites Maximales de Résidus de pesticides dans les aliments? seulement sur le papier.
L’incertitude analytique en question
L’association écologiste rappelle qu’une polémique avait déjà fait rage en Europe lors de l’harmonisation des Limites Maximales de Résidus (LMR) pour les résidus de pesticides dans les aliments. A l’époque beaucoup d’ONG européennes avaient protesté contre le relèvement d’un grand nombre de LMR à cette occasion, permettant ainsi à de plus grandes quantités de pesticides d’être tolérées dans les aliments dans l’UE.
Aujourd’hui, Générations Futures révèle « un nouveau tour de passe-passe » de la Direction Générale Santé consommation (DG Sanco) qui à la Commission européenne est en charge du suivi des résidus de pesticides dans les aliments. Techniquement, pour prendre en compte l’incertitude analytique des laboratoires analysant les résidus de pesticides et les différences éventuelles entre les laboratoires, la DG SANCO a officiellement arrêté la valeur de l’incertitude analytique à +/- 50% de la valeur mesurée (X).
Concrètement, l’instance européenne précise dans un guide que pour une valeur mesurée de X = 2 mg/kg, l’intervalle d’incertitude est compris entre 2 -1 et 2+1 (50% de 2 = 1). L’intervalle d’incertitude est donc compris dans cet exemple entre 1 et 3 mg/kg. Jusque-là tout va bien précise Générations Futures.
Concentrations en pesticides divisées par 2
Car le tour de passe-passe intervient ensuite et il est « énorme » pour l’ONG. La DG Sanco considère en effet arbitrairement que la valeur qui sera retenue pour juger d’un éventuel dépassement de LMR est ? non la valeur mesurée mais ? la valeur inférieure de cet intervalle (valeur mesurée ? 50%) soit dans l’exemple ci-dessus 1mg/kg, au lieu des 2 mg/kg mesurés !
Au final, il s’agit ni plus ni moins que de diviser la valeur mesurée par 2 avant de la comparer à la LMR ! On se doute qu’avec cette méthode les dépassements de LMR vont diminuer? mais « artificiellement » souligne Générations Futures. Et la DG Sanco demande aux Etats membres de l’UE d’appliquer cette méthode tronquée.
« En matière de LMR pour les pesticides la DG Sanco a inventé la machine à diviser par 2 les quantités de pesticides retrouvées dans les aliments ! Cela revient dans les faits à doubler la tolérance par rapport aux résidus de pesticides et à exposer la population européenne à des quantités toujours plus grandes de ces produits toxiques dans leur alimentation ce qui est un pur scandale. » s’insurge François Veillerette, Porte- parole de Générations Futures.
Près de 41% des fruits et légumes contiennent des pesticides
Et les résultats sont très concrets en France. Applicable depuis 2010, la dernière campagne d’analyses qui vient d’être publiée enregistre comme par miracle une « chute artificielle » du pourcentage de fruits et légumes contenant des pesticides au-delà des LMR : 1.5% en 2010 contre 3% en 2009 ! Cette baisse ne correspond pas à une amélioration de la situation mais uniquement à l’application de l’artifice de calcul demandé par la DG Sanco souligne l’association française.
Car dans le même temps, le pourcentage des fruits et légumes contenant des pesticides a pourtant augmenté de 37,9% en 2009 à 40,7% en 2010. Mais le tour de passe-passe de la DG Sanco a permis de faire croire à une amélioration concernant les dépassements de LMR grâce à un artifice de calcul ! s’insigne l’ONG.
« Nous demandons que l’Union Européenne mette en place des dispositions protectrices de la santé publique en matière de résidus de pesticides en considérant que la valeur analytique mesurée augmentée de la valeur d’incertitude de 50% soit la valeur retenue pour la comparaison avec la LMR et non pas la valeur basse de la fourchette comme actuellement car l’incertitude doit bénéficier à la protection de la santé et pas aux fabricants de pesticides ! » affirme François Veillerette.
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