Quand un arbre tombe, on l’entend ; quand la forêt pousse, pas un bruit, dit un proverbe africain. C’est un peu l’histoire de la ville de Neuilly-Plaisance qui pleure la déforestation imposée par les pouvoirs publics sur le Plateau d’Avron.
Massive et industrielle en Amazonie ou en Asie, la déforestation peut également prendre des formes localisées, tout en restant très difficiles à accepter. C’est le cas sur le Plateau d’Avron, un territoire réparti sur les communes de Rosny-sous-Bois, Villemomble et Neuilly-Plaisance qui a enregistré récemment l’abattage de plus de 200 arbres pour laisser la place à une véritable plaie végétale béante dénoncée par les élus locaux.
Il faut dire que le Plateau d’Avron est un lieu très particulier pour les habitants de Neuilly-Plaisance. Offrant une vue remarquable sur Paris et notamment la Tour Effeil, grâce à sa situation exceptionnelle, le plateau représente un havre de paix et de verdure pour les habitants de Neuilly-Plaisance depuis de nombreuses années.
Une « boucherie végétale » décidée par 2 ministres écologistes
Et c’est précisément un espace boisé de près de 2 hectares au c?ur de ce plateau qui vient de disparaître brutalement à l’initiative de Réseau de Transport d’Electricité (RTE), la filiale réseau et transport d’EDF, avec la bénédiction du gouvernement. Ce saccage de la Forêt du Plateau d’Avron a été officiellement scellé par un arrêté interministériel signé le 20 juillet 2012 par Delphine Batho, ministre de l’Ecologie et du Développement Durable, et Cécile Duflot, ministre de l’Egalité des Territoires et du Logement et par ailleurs responsables d’Europe-Ecologie Les Verts.
Conséquence du simple retrait d’un pylône électrique implanté sans droit ni titre sur une propriété privée, cette déforestation aurait pourtant pu être évitée affirme Christian DEMUYNCK, maire de Neuilly-Plaisance, premier des opposants à cette décision qualifiée de « boucherie végétale ». Sans appartenance politique ou écologique, « un arbre est un sujet qui dépasse largement le clivage droite-gauche » souligne l’élu de Seine-Saint-Denis.
Un « saccage écologique » à 1 million d’euros
« Bien sûr, nous sommes choqués que cet arrêté ait été signé par deux ministres écologistes, mais à la limite ce n’est pas le plus important. Le plus important est que cela ne se reproduise pas ailleurs, avec les mêmes conséquences écologiques et économiques désastreuses » affirme le sénateur maire.
Au-delà du bras-de-fer judiciaire qui se poursuit désormais devant le Conseil d’Etat, l’élu de la Mairie de Neuilly-Plaisance espère désormais que cette « gabegie » à 1 million d’euros, ne se reproduise pas ailleurs en France, avec les mêmes conséquences écologiques. Car s’il est déjà trop tard pour les 200 arbres du Plateau d’Avron, « tombés sous les coups des bulldozers », ce type de déforestation administrative pourrait bien se reproduire.
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