Avant d’être interdits dans tous les contenants sans doute en 2015 en France, le Bisphénol A aura malheureusement fait de nombreuses victimes innocentes. En réduisant la testostérone, des chercheurs français viennent de révéler la dangerosité de ces plastiques pour les f?tus humain, sujets à plus de cancers et de malformations.
Utilisé dans de très nombreux contenants alimentaires (canettes, conserves, etc.), le bisphénol A ou BPA est suspecté depuis déjà de nombreuses années d’effets inquiétants notamment sur la reproduction masculine. Pour la première fois, des chercheurs français viennent de démontrer la dangerosité de ce perturbateur endocrinien pour les f?tus, une étude dont se fait l’écho Le Monde.
Conduite par René Habert, professeur à l’université Paris-Diderot et chercheur au Laboratoire cellules souches et radiation (Inserm/CEA), cette recherche publiée dans la dernière édition de la revue PLoS One, apporte la première preuve expérimentale des impacts sanitaires de ce BPA sur les f?tus. Ces effets inquiétants augmenteraient les risques de malformations de l’appareil reproducteur, d’altérer la fertilité ou de favoriser certains cancers. Si ces effets avaient déjà été démontrés sur des rongeurs, ils n’avaient jamais été démontrés sur des cellules humaines rappelle Le Monde.
Les f?tus humains beaucoup plus sensibles que les rongeurs
Les chercheurs français ont cultivé des testicules foetaux humains et les ont exposés à une très faible concentration de BPA, de l’ordre de celle rencontrée dans la population générale. Et le résultat est malheureusement implacable : « lorsqu’ils sont exposés au BPA, les testicules produisent moins de testostérone » souligne René Habert. Plus grave, les f?tus humains semblent en effet beaucoup plus sensibles à la présence de Bisphénol A que les rongeurs « entre dix et cent fois plus ».
Selon l’étude, la sensibilité de l’espèce humaine au BPA serait environ trente fois supérieure à celle des rongeurs enrôlés dans les tests toxicologiques. Or la marge de sécurité prise par les toxicologues pour établir les doses d’exposition admissibles pour l’homme, suppose généralement que l’espèce humaine n’est, au pire, que dix fois plus sensible aux produits testés sur les rongeurs, précise l’article de Stéphane Foucart dans Le Monde.
« La diminution de production de testostérone par le testicule foetal peut entraîner des défauts de masculinisation des petits garçons à la naissance » souligne René Habert dans le quotidien. En effet, c’est la testostérone, produite par les testicules du foetus, qui contrôle la formation de certains organes, en particulier la cryptorchidie, lorsque les testicules ne sont pas descendus dans les bourses, et l’hypospadias, lorsque l’orifice uro-génital ne se situe pas à l’extrémité du pénis, mais à sa base, dans les cas les plus graves.
Malformations et baisse de la fertilité
Et les faits corroborent malheureusement les résultats de cette étude. L’incidence de ces deux malformations a environ doublé au cours des quarante dernières années. Mais ce n’est pas tout. La baisse de testostérone dans le testicule foetal peut affecter le développement des cellules germinales et la production de spermatozoïdes.
Comme le souligne l’auteur de l’étude, ce BPA peut favoriser le cancer du testicule, et faire baisser la production spermatique. Ces deux problèmes sont précisément en augmentation depuis de nombreuses années. En France, le cancer testiculaire a plus que doublé au cours des trente dernières années, tandis que la production spermatique a chuté de 30 % entre 1989 et 2005 rappelle Le Monde.
Outre ces graves effets sur l’appareil génital masculin, le BPA est fortement soupçonné de provoquer l’apparition de diabète, de cancers du sein, ou encore d’anomalies sur l’oreille interne. Pour rappel, si le BPA est déjà interdit dans les biberons et les contenant alimentaires pour les moins de trois ans, le BPA devrait être totalement interdit dans tous les contenants alimentaires à partir de 2015.
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