Dominique Mignon, directrice d’Eco-mobilier, le nouvel éco-organisme agréé le 1er janvier 2013 pour prendre en charge la collecte, le recyclage et la valorisation des déchets mobiliers. La responsable de cette nouvelle filière présente les contours de ce nouvel acteur et annonce une nouvelle éco-taxe sur tous les meubles le 1er mai 2013.
Eco-mobilier vient d’être officiellement lancé, en quoi consiste ce nouvel éco-organisme ?
Eco-mobilier a été officiellement agréé en début d’année pour organiser le recyclage et la valorisation des vieux meubles, suite la nouvelle obligation qui s’impose désormais aux fabricants et distributeurs de mobiliers domestiques, qui doivent s’assurer du recyclage de leurs produits.
Concrètement, quels sont les produits concernés ?
Il s’agit des produits de literie, matelas, sommiers, des sièges, chaises, fauteuils, canapés, et plus largement de tous les meubles présents dans la maison et le jardin : tables, armoires ou encore mobilier de cuisine, en dehors de la décoration.
Quels sont les actionnaires fondateurs d’Eco-mobilier ?
Eco-mobilier regroupe 12 fabricants comme Mobalpa, Schmidt, Weber et 12 distributeurs tels que Conforama, But, Ikea, Alinea ou encore Hygena. Ce large panel représente l’essentiel des volumes mis sur le marché domestique du mobilier en France.
Est-ce que d’autres professionnels du meuble ont vocation à vous rejoindre à l’avenir ?
Oui tout à fait. Notre société à capital variable prévoit cette ouverture avec la possibilité d’entrée et de sortie d’actionnaires. Nous avons mis en place des groupes de travail avec nos actionnaires producteurs et distributeurs, pour élaborer les barèmes et les conditions d’application de l’éco-participation, sa mise en ?uvre en magasin, l’affichage sur les lieux de vente ou sur le web.
Nous associons également à ces discussions d’autres partenaires concernés comme la Fnaem et l’Unifa et les autres associations de fabricants et de distributeurs. Les magasins de bricolage sont concernés mais aussi les jardineries, les cuisinistes, les agenceurs et plus largement les artisans, autant de professions regroupés dans des fédérations avec lesquelles nous avons l’occasion d’échanger régulièrement, pour se préparer dans les meilleures conditions.
Quel est le modèle économique d’Eco-mobilier, qui paye quoi et comment ?
Le modèle est comparable aux autres éco-organismes qui existent dans les autres filières de recyclage. Une contribution financière est prévue par produit, qui est facturée au consommateur lors de l’achat du produit, à l’image de ce qui se fait dans l’électroménager.
Quel est le montant de cette contribution fixée pour 2013 ?
Pour prendre l’exemple de la literie, la contribution d’un matelas tient compte de la dimension du produit. Pour un matelas de 140 cm, cette contribution est fixée à 4 ? TTC en 2013. L’objectif est de couvrir les besoins en financement de la filière pour les deux premières années.
Avec la montée en puissance de la filière, les volumes collectés vont progresser dans les prochaines années. Le besoin de financement devrait donc augmenter d’une année sur l’autre, et nous ajusterons la contribution en fonction.
A l’avenir, cette contribution sera amenée à augmenter ou à baisser ?
L’évolution sera à la hausse, pour tenir compte de l’augmentation des tonnages de déchets collectés. La première année, nous devrions collecter environ 500 000 tonnes de déchets de mobiliers. Le gisement total est évalué à 1,5 million de tonnes.
Justement, quels les principaux chiffres de la cette filière ?
La filière évalue le gisement annuel global des déchets mobiliers domestiques en France à 1,5 million de tonnes, soit 26 kg de vieux meubles mis au rebut par habitant et par an.
Avez-vous une idée du volume de vieux mobiliers qui pourraient être stockés et venir compléter ces chiffres ?
C’est une bonne question. Les informations dont nous disposons nous laissent penser qu’il n’y a pas de tendance au stock sur ces produits en général volumineux.
Concrètement, comment s’effectuera la collecte, sachant notamment que ces déchets sont souvent volumineux ?
Nous nous appuierons sur les outils déjà développés par les collectivités et en l’espèce les 4 000 déchetteries publiques existantes sur le territoire. Nous allons leur proposer d’installer dans leurs déchetteries une benne dédiée au mobilier.
Une fois collectés, ces produits seront triés en séparant les déchets bois majoritaires, les déchets literie, les déchets dit rembourrés, et enfin les déchets plastiques, pour ensuite acheminer chacun de ces flux vers des centres de traitement appropriés et adaptés.
Cette collecte s’effectuera-t-elle exclusivement dans les déchetteries ?
Non, même si c’est la solution principale, compte tenu de l’importance du maillage des déchetteries publiques en France. Une autre solution consiste à faire participer les distributeurs volontaires, dont certains ont déjà développé des solutions de reprise à l’occasion des livraisons de leurs produits. Nous proposerons également aux distributeurs de mettre à disposition une benne permettant de stocker le vieux mobilier récupéré.
Troisième solution de collecte, l’économie sociale et solidaire. Aujourd’hui, les volumes collectés par ce secteur représentent environ 3% du tonnage total, dont 95% sont récupérés par les communautés du réseau Emmaüs. Via un partenariat avec ce réseau, Eco-mobilier soutiendra financièrement les tonnages collectés par les communautés. On estime qu’environ la moitié de ces volumes peut être commercialisée et donc que l’autre moitié est susceptible de partir au rebut.
Quelles sont les pistes de recyclage actuelles et envisageables à l’avenir ?
On distingue 4 grandes catégories de déchets mobiliers. Les déchets en bois majoritaires, la literie, les autres produits rembourrés comme les canapés et enfin les déchets plastiques. Nous avons lancé des appels d’offres pour consulter les prestataires sur leurs capacités de traitement sur ces différents marchés avec des offres de prix aujourd’hui et sur les prochaines années.
Les évolutions notables à prévoir devraient concerner la literie et les produits rembourrés qui ne font l’objet actuellement d’un véritable recyclage. Le rôle d’Eco-mobilier sera de susciter des investissements en la matière pour créer une industrie du recyclage notamment dans ces produits pour lesquels il n’existe pas encore de débouchés. Nous avons reçu de très nombreuses candidatures, ce qui prouve que cette filière suscite beaucoup d’intérêt.
Quand est-ce que ces opérateurs seraient officiellement sélectionnés ?
On sera mi-février dans la phase 2 des appels d’offres, qui concerne l’offre technique et tarifaire. Ces offres seront analysées en avril et mai et les prestataires seront choisis début juin.
Au-delà de ces appels d’offres, quelles sont les principales échéances pour Eco-mobilier en 2013 ?
La priorité absolue pour Eco-mobilier est que l’affichage en magasins soit effectif et généralisé le 1er mai 2013. Notre objectif, c’est de faire adhérer les entreprises dès maintenant. Les inscriptions électroniques sont ouvertes depuis le 21 janvier. Plus vite les entreprises adhèrent et plus vite elles seront en conformité avec la loi. Depuis l’agrément d’Eco-mobilier le 1er janvier, les entreprises du secteur sont réputées être en conformité avec ce dispositif.
Quand est-ce que les particuliers verront cette éco-contribution apparaître sur les étiquettes ?
Le 1er mai 2013 exactement.
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