A l’occasion de la présentation publique de son rapport public annuel, la Cour des Comptes est revenue sur le projet de désensablement du Mont-Saint-Michel, vaste projet visant à redonner au célèbre mont son caractère insulaire. Elle juge en effet le projet mené actuellement par un syndicat mixte, « mal conduit », avant de s’interroger sur sa pertinence même.
Redonner au Mont-Saint-Michel son caractère insulaire, vaste projet mené par un syndicat mixte regroupant les régions de Basse-Normandie et de Bretagne mais également le département de la Manche, les communes du Mont-Saint-Michel , de Beauvoir et de Pontorson. Déjà objet de nombreuses polémiques, ce projet est aujourd’hui dans le viseur de la Cour des Comptes. L’État, qui contribue à hauteur de 84,93 millions d’euros au projet, est garant devant l’Unesco du maintien du site sur la liste du patrimoine mondial, mais n’est plus aux commandes opérationnelles, commande confiées au syndicat.
Redevenir une île
A l’occasion de la présentation de son dernier rapport annuel ce matin, la Cour des Comptes s’interroge donc sur la conduction et même la pertinence d’un tel projet. « A terme, une fois le projet achevé, l’accès pédestre au Mont-Saint-Michel restera toutefois possible tout au long de l’année en dehors de quelques heures par an lors de coefficients de marée exceptionnels. Durant ces quelques heures seulement, le caractère totalement maritime du Mont-Saint-Michel sera alors rétabli, ce qui est à mettre en regard avec le coût total des travaux engagés« . Un caractère maritime demandé par l’Unesco qui souhaitait voir le mont « redevenir une île pendant un maximum de temps« .
Elle dénonce également « un pilotage ambigu, une conduite opérationnelle défaillante et une insuffisante prise en compte du devenir du projet« . Elle accuse le syndicat de souffrir « de la faiblesse de ses effectifs, et d’un déficit de compétences internes dans les domaines budgétaires, comptables et financiers ». Elle évoque alors un suivi financier « aléatoire » et un contrôle de la délégation de service public des ouvrages et de l’accueil « défaillant« .
« Définir un modèle économiquement soutenable »
Elle revient enfin sur le système de navettes mis en place pour accéder au Mont depuis la destruction du parking situé à ses pieds. Le cadencement des navettes « n’est pas compatible avec le flux actuel des visiteurs« , flux qui a enregistré une baisse de 10% en 2012. Et, tandis que l’on attend toujours les navettes à cheval, il semblerait que la cohabitation entre chevaux et véhicules risque d’être compliquée, les navettes automobiles ne pouvant pas doubler les chevaux sur le pont.
En conclusion, la Cour des Comptes explique qu’il « convient d’évaluer, dès à présent, les futures charges de fonctionnement du site, et de prévoir leur mode de financement, ce qui n’a pas été fait jusqu’à présent. Il est urgent de définir un modèle économiquement soutenable en intégrant les dimensions culturelles (dont le plan de gestion d’un bien inscrit au patrimoine de l’Unesco), mais aussi touristique et environnementale du site ».
Commentaires récents