Premier utilisateur de pesticides en Europe, la France continue d’en consommer toujours un peu plus, malgré le plan Ecophyto en 2008 qui vise une réduction de 50% des pesticides en 10 ans. Une étude inédite en France révèle une exposition particulièrement inquiétante des populations viticoles.
Si les pesticides sont répandus un peu partout en France, ils se concentrent fortement dans la viticulture. Avec 783 milliers d’hectare en 2011, la vigne représentait 3.7% de la Surface Agricole Utile précise Générations Futures, mais elle consomme à elle seule environ 20% des pesticides (en masse) dont une majorité de fongicides (80%). En pointe dans le combat contre les pesticides, l’association a mené une enquête avec Marie-Lys Bibeyran, une salariée agricole, pour estimer le niveau de contamination des populations viticoles par ces substances chimiques.
« Est-ce que les salariés viticoles, qui ne pulvérisent pas les pesticides, mais travaillent dans les vignes et les riverains des vignes sont contaminés par les pesticides viticoles ? » s’est interrogée l’enquête APAChe. Pour répondre à cette question, les enquêteurs ont prélevé et fait analyser par le laboratoire Kudzu Science les mèches de cheveux de 25 personnes entre mi-octobre et mi-novembre 2012.
Salariés et riverains de la viticulture
La cohorte comprenait 15 salariés viticoles du bordelais, 10 non-salariés viticoles dont 5 riverains des vignes du bordelais et 5 « témoins » vivants loin des vignes afin de mettre en lumière la présence ou non de résidus de pesticides viticoles. Les résultats ont permis de mettre en évidence ce que l’on pouvait craindre, souligne Générations Futures.
Concrètement, l’enquête a identifié 11 fois plus de résidus de pesticides en moyenne chez les salariés viticoles que chez les non professionnels habitant loin de vignes (6,6 pesticides en moyenne contre 0.6). Dans le même temps, 4 des 15 salariés viticoles étudiés présentaient 10 pesticides différents.
L’étude a relevé 5 fois plus de résidus de pesticides en moyenne chez les non-professionnels de la vigne habitants près des vignes que ceux habitant loin des vignes (3 résidus de pesticides en moyenne trouvés chez les premiers contre 0,6 pour les seconds). Par ailleurs, 74 % des pesticides actuellement autorisés sur vigne de la liste, établie pour l’enquête, et recherchés ont été retrouvés au moins une fois chez les personnes testées.
Riverains également concernés
Pire, un produit interdit, le diuron, a été retrouvé chez un professionnel souligne Générations Futures. L’ONG précise que plus de 45% des molécules retrouvées sont classées cancérigènes possibles en Europe ou aux USA. Enfin, plus de 36% des molécules retrouvées sont suspectées d’être des perturbateurs endocriniens (PE).
« A l’heure où va s’ouvrir le Salon International de l’Agriculture, ces résultats montrent clairement que l’exposition des travailleurs agricoles à des pesticides dangereux est importante, même si ceux-ci non pas manipulé les produits. Ce rapport montre également que le simple fait de vivre à proximité de zones cultivées, moins de 250 mètres, ce qui est sans doute le lot de millions de familles françaises, augmente votre exposition » s’inquiète François Veillerette, porte-parole de Générations Futures.
Commentaires récents