Engagée dans une transition énergétique effectuée au pas de charge, l’Allemagne est actuellement confrontée à de graves déséquilibres énergétiques qui fragilisent ses grands groupes et font flamber les factures des consommateurs.
Si l’électricité d’origine renouvelable devrait dépasser le nucléaire pour la première fois cette année outre-Rhin, la réforme radicale décidée en Allemagne se révèle plus compliquée que prévue. La décision politique de sortie rapide et définitive du nucléaire, au lendemain de la catastrophe de Fukushima, a provoqué un véritable raz de marée dans l’univers énergétique allemand.
« Il n’y a aucun doute sur le fait que nous voulons réussir la transition énergétique. Mais cela ne veut pas dire que tous les problèmes sont résolus » a expliqué lundi, Angela Merkel, à l’issue d’une rencontre avec les acteurs allemands de l’énergie, confrontés à de graves difficultés. « Nous avons réalisé beaucoup de choses, mais il reste encore beaucoup à faire », a reconnu la Chancelière.
La facture doit rester « tolérable »
« Le développement de l’énergie renouvelable est très dynamique » s’est réjoui le ministre allemand de l’Environnement. Mais « le coût du développement des énergies renouvelables doit être tolérable, tant pour les consommateurs que pour l’industrie » a précisé Peter Altmaier.
Car la décision politique de faire sortir très rapidement le pays du nucléaire, au profit des énergies renouvelables, a un coût qui ne cesse de grimper. Factures qui explosent, surcapacités de production, demande en berne, déséquilibres de l’offre et de la demande, insuffisance des réseaux actuels? les défis sont nombreux pour le pays, et les grands groupes allemands du secteur comme RWE, E.ON ou EnBW qui ont déjà supprimé 25 000 emplois pour s’adapter à ces nouvelles contraintes. Pour l’heure, alors que les investissements devraient être dynamiques, ils sont plutôt en berne.
Paradoxalement, « plus les cours de l’électricité baissent sur les marchés de gros, plus la facture augmente pour le consommateur » souligne Les Echos. En effet, le producteur d’électricité éolienne dispose d’un prix de vente garanti, d’environ 90 euros le mégawattheure (MWh), alors que le gestionnaire de réseau revend cette énergie sur le marché, pour seulement 40 euros le MWh actuellement, sur fond de crise économique.
Equation impossible
Et comme toujours, c’est le consommateur final qui paie la différence, via l’EEG en Allemagne, et la CSPE (contribution au service public de l’électricité) en France. Conséquence directe, la facture énergétique s’envole outre-Rhin, au gré d’augmentations régulières à deux chiffres qui finissent par alarmer les foyers allemands et inquiéter le gouvernement CDU en place.
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