Ce week-end nous passons à l’heure d’été. L’occasion pour Ademe de revenir sur l’origine même de ce changement d’heure : les économies d’énergie. Perdre une heure dimanche prochain permet-il vraiment de réaliser des économies ?
Le 16 avril 1784, Benjamin Franklin évoque pour la première fois dans le quotidien français Le Journal de Paris la possibilité de décaler les horaires afin d’économiser l’énergie. Mais ce n’est qu’en 1917 que l’heure d’été est officiellement instituée en France. Depuis, ce changement d’heure permet de réaliser des économies en énergie et CO2 réelles mais modestes, pour un coût quasi-nul de mise en ?uvre. Il s’inscrit dans un ensemble de mesures permettant de limiter les consommations énergétiques et de lutter contre le réchauffement climatique.
En 2010, une étude lancée par l’ADEME souhaitait actualiser les résultats de 2007 et évaluer plus précisément l’influence des usages du chauffage et de la climatisation à l’horizon 2030. Ces travaux intègrent les autres impacts du changement d’heure ainsi qu’une analyse comparative entre plusieurs pays. Et, si sur l’éclairage, les gains se confirment bien, ceux sur les usages thermiques ne peuvent être évalués précisément.
Économies d’énergie
En 2009, ces gains ont représenté de l’ordre de 440 GWh, soit l’équivalent de la consommation en éclairage d’environ 800 000 ménages. Grâce à ces économies sur l’éclairage, 44 000 tonnes de CO2 ont ainsi été évitées, en considérant que, pour cette usage, 1 kWh consommé produit 100 gramme de CO2, l’éclairage faisant appel à des moyens de production électrique en partie carbonés.
Mais, historiquement, le gain sur l’éclairage diminue pour plusieurs raisons : évolution des équipements avec l’introduction progressive de lampes basse consommation, éclairage public calé sur la nuit « solaire ». Néanmoins, à l’horizon 2030, les économies d’énergie engendrées par le régime d’heure d’été subsisteront même si le gain aura encore diminué à la faveur de la pénétration des technologies d’éclairage performantes dans le logement. Il devrait être de 340 GWh en tenant compte de l’augmentation des surfaces de bâtiments.
Économies de CO2
Un gain sur les usages thermiques, et notamment sur la climatisation a également été étudié en détail et il s’avère que les baisses ou hausses de consommation induites par le changement d’heure n’apparaissent pas significatives en 2009. En revanche à l’horizon 2030, des gains additionnels de 130 GWh électrique pourrait être atteints du fait du changement d’heure à condition que des systèmes de régulation automatique soient installés pour respecter des consignes de température. Considérant ces gains additionnel ainsi que ceux liés aux autres énergies de chauffage, les différents scénari contrastés conduiraient en 2030 à une réduction globale des émissions de 70 000 à 100 000 tonnes de CO2 grâce au régime d’heure d’été.
Le changement d’heure permet enfin un gain en puissance notable car les pointes de consommation d’avril, même si elles n’atteignent pas les niveaux du plein hiver, sont un enjeu important pour le système électrique. En effet, c’est au printemps, et à l’automne, que des risques élevés de marges insuffisantes de puissance sont observés. En 2009, le changement d’heure a permis une diminution de 3,5 GW de la puissance appelée à 19h. En 2030, cet avantage resterait en moyenne de l’ordre de 2 GW.
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