Les conclusions d’une étude menée par l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (Ineris) et l’université de Picardie Jules Verne, publiées hier, révèlent pour la première fois les effets des ondes électromagnétiques sur le sommeil, la régulation thermique ou encore l’alimentation.
Pour tenter de comprendre les effets des ondes électromagnétiques sur l’organisme des personnes exposées, des chercheurs de l’Ineris ont exposé durant 6 semaines de jeunes rats à des champs magnétiques. Le niveau d’exposition auxquels ces rats ont été soumis serait comparable à celui mesuré à proximité d’une antenne-relais, à savoir des ondes d’une fréquence de 900MHz et d’une intensité de 1 volt par mètre, soit des niveaux inférieurs aux seuils d’exposition légaux.
L’étude révèle alors des effets de ces ondes magnétiques sur le sommeil, l’alimentation et la régulation thermique des animaux. Or, on observe chez les jeunes rats des rythmes biologiques similaires à ceux des nouveaux-nés, et leur régulation thermique est similaire à celles des hommes. Et l’expérience montre que sous l’effet des ondes magnétiques, les rats soumis à une augmentation thermique réduisent leur stratégie de refroidissement. Tandis qu’ils ont plus chaud, ils agissent comme s’ils voulaient conserver cette chaleur.
Alimentation et sommeil perturbés
D’un point de vue alimentaire, les rats exposés augmentent leur prise alimentaire. Il semblerait donc que leur niveau de satiété soit modifié. « On observe également une prise alimentaire plus importante de la part des animaux exposés : les mécanismes d’économie d’énergie pourraient conduire à une augmentation de la masse corporelle, mais cela nécessite d’être confirmé « , expliquent l’Ineris et l’UPJV dans un communiqué.
De même, le sommeil des rats est perturbé. Leur sommeil paradoxal est fractionné comme s’ils étaient en état d’alerte permanente. Or, transposés à l’homme, ces troubles du sommeil paradoxal pourraient avoir des conséquences sur la mémoire ou causer des troubles de l’humeur.
Des conclusions déjà commentées
René de Seze, un des auteurs de l’étude conclut alors que « ce que nous constatons, c’est qu’à de très faibles niveaux d’exposition, les effets sont réels sur le métabolisme. Il faut maintenant que d’autres laboratoires mènent des expériences similaires pour confirmer ou infirmer nos conclusions« . Des conclusions déjà remises en cause par d’autres chercheurs.
Interrogé par le Monde, Bernard Veyret, chercheur à l’Université de Bordeaux, considère que « ces résultats sont assez contre-intuitifs. L’étude de l’Ineris montre qu’il se passe quelque chose, mais j’ai un doute sur les niveaux réels d’exposition aux champs électromagnétiques. Les animaux sont appareillés. On leur place des sondes, des câbles, qui peuvent avoir des interférences avec les ondes. Par ailleurs, il faut bien préciser que les effets décrits sont des effets biologiques et non pas sanitaires ».
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