Commandé il y a près de 2 ans par la justice, le rapport d’experts a été remis aux juges du Pôle Santé du TGI de Paris, vendredi dernier. Confirmant les estimations de mortalité de l’Agence du médicament, le rapport accable les Laboratoires Servier qui auraient tenté de masquer « le caractère anorexigène » du médicament.
Les 3 auteurs du rapport considèrent que le Mediator serait bien à l’origine de déformations des valves cardiaques. Les experts estiment les décès à court terme, avant 2 ans et demi, entre 220 et 300, et de 1 300 à 1 800 les décès à plus long terme. Les hospitalisations pour insuffisance valvaire directement causées par le Mediator sont évaluées entre 3 100 et 4 200, sans compter les nombreux cas non chiffrés d’hypertension artérielle pulmonaire.
Pour les experts qui confirment les « propriétés anorexigènes puissantes » du Mediator, sa commercialisation aurait dû être suspendue entre 1998 et 2003 par Servier ou par les autorités sanitaires. Malgré plusieurs signalements inquiétants des premières victimes du médicament, il a pourtant fallu attendre novembre 2009 pour qu’il soit suspendu en France et même juillet 2010 pour qu’il soit définitivement retiré du marché.
« Pas d’élément supplémentaire » selon Servier
Le rapport pointerait également du doigt le manque de transparence et d’information des Laboratoires Servier. Pour Les Laboratoires Servier « ces conclusions n’apportent pas d’élément supplémentaire concernant le risque de valvulopathie lié à la prise de Mediator ». « Naturellement, Les Laboratoires Servier continueront d’assumer leurs responsabilités et indemniseront toutes les victimes des effets secondaires du Mediator » affirme le groupe français qui précise que « de nombreux patients ont été indemnisés suite aux décisions prises par le Conseil de médecins de l’ONIAM ».
« Les conclusions du rapport ne remettent pas en cause le fait que Les Laboratoires Servier ont parfaitement tenu informé les autorités de santé tout au long de la vie du médicament » souligne le groupe créé par Jacques Servier.
A l’origine des révélations sur ce scandale, la pneumologue Irène Frachon estime pour sa part que ce rapport est « la confirmation de ce que nous martelons depuis 2009. A savoir, une tromperie criminelle concernant un produit mortel, un poison ».
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