La présence de résidus de médicaments dans les eaux inquiète de plus en plus, mobilisant depuis plusieurs années les autorités sanitaires et la communauté scientifique. L’agence de sécurité sanitaire a publié hier une première méthode d’évaluation des risques qui seraient « négligeables » selon ses experts qui demeurent cependant prudents, reconnaissant les limites actuelles de cette évaluation.
Si aucune étude n’ait encore démontré à ce jour, de risque sanitaire lié à la présence de résidus de médicaments dans l’eau destinée à la consommation humaine, cette pollution médicamenteuse préoccupe légitimement les autorités sanitaires. Travaillant depuis 2006 sur cette question, l’Anses vient de publier une première méthode générale permettant d’évaluer les risques liés à la consommation de cette eau contaminée.
Risque négligeable… pour l’instant
Les experts concluent à un « risque négligeable pour la santé » suite à l’ingestion de ces molécules via les eaux destinées à la consommation humaine, avec des marges de sécurité suffisantes quelles que soient les méthodes d’évaluation utilisées et au regard des données analytiques et toxicologiques disponibles. Cependant, l’application de la méthode proposée par l’Anses à ces substances fait ressortir un certain nombre de limites, reconnaît l’agence.
En termes d’exposition, « peu de données robustes sont disponibles quant à la contamination des eaux destinées à la consommation humaine en France par les résidus de médicaments » précise l’Anses, et surtout par leurs métabolites et produits de transformation. L’étude réalisée par le laboratoire d’hydrologie de Nancy, utilisée pour caractériser l’exposition française à la carbamazépine et à la danofloxacine, bien que de qualité, ne donne qu’une image instantanée de la contamination des eaux destinées à la consommation humaine en France, sans intégrer les variations spatiales et temporelles, souligne l’agence sanitaire.
Quid de l’effet cocktail ?
Par ailleurs, l’évaluation de la toxicité chronique des principes actifs se heurte à un manque de données, principalement pour les médicaments à usage humain, parce qu’elles sont, soit inexistantes, soit inaccessibles. L’ensemble de ces limites rend l’évaluation quantitative du risque difficile. Ainsi, l’Agence souligne la nécessité de disposer d’études de toxicité chronique pour les résidus de médicaments mais aussi pour leurs métabolites et produits de transformation pertinents.
Au-delà, la question de l’évaluation des risques de tels résidus s’inscrit également dans la problématique générale de la prise en compte des effets éventuels des mélanges de substances à faible dose. L’agence va à présent poursuivre son travail d’évaluation avec les autres substances recherchées dans le cadre de la campagne d’analyse réalisée par le laboratoire de Nancy.
Commentaires récents