« Il faut agir ! » Dans une interview accordée au Monde, Gérard Mestrallet tire la sonnette d’alarme. Alors que les chefs d’Etats européens se rencontrent aujourd’hui à Bruxelles pour évoquer notamment la question énergétique, le patron de GDF Suez affirme que « l’Europe de l’énergie est un échec ».
Les énergéticiens européens montent au créneau. A l’initiative de Gérard Mestrallet, les dirigeants de 8 grands producteurs européens parmi lesquels EON, RWE, Enel et Iberdrola, mais pas EDF, demandent aux politiques d’agir en urgence. « L’Europe est en train de détruire une partie de son industrie énergétique » regrette le patron français.
« Nous ne demandons pas des subventions, mais de la visibilité, des règles stables et homogènes en Europe, des objectifs quantifiés jusqu’en 2030 en matière de lutte contre le réchauffement climatique » précise Gérard Mestrallet, qui constate que les émissions de CO2 sont reparties à la hausse en Allemagne.
Triple échec
« La politique européenne en la matière avait un triple but : lutter contre le réchauffement climatique, améliorer la compétitivité et assurer la sécurité d’approvisionnement du continent. Or sur ces trois volets, c’est l’échec » constate le président de GDF Suez. « La responsabilité n’en revient pas seulement à la Commission » reconnaît Gérard Mestrallet. « Certains Etats qui ont pris des décisions dans leur coin, comme l’Allemagne lorsqu’après l’accident de Fukushima, en 2011, elle a arrêté huit réacteurs nucléaires sans prévenir personne ».
L’Allemagne est « sans doute allé trop loin dans son soutien à l’éolien et au solaire » considère le dirigeant français. Sans revenir sur le développement des énergies renouvelables, Gérard Mestrallet prévient dans Le Monde qu’ « il faut que cela reste d’un coût supportable par les citoyens (?) d’autant que la priorité donnée à ces énergies pose des problèmes de sécurité d’approvisionnement ».
« On ajoute des surcapacités aux surcapacités »
Le président de GDF Suez rappelle que la consommation d’électricité baisse en Europe ce qui pose certains problèmes de surcapacité. Or en pratique, « on ferme des centrales à gaz, mais on subventionne massivement l’installation de capacités éoliennes et solaires dont on n’a pas besoin pour l’équilibre des marchés électriques, et qui accentuent le problème (?) on ajoute des surcapacités aux surcapacités » s’inquiète Gérard Mestrallet.
« Au lieu du marché unique visé, on assiste à une balkanisation de l’Europe de l’énergie » déclare-t-il. Préconisant de renforcer les investissements de recherche dans les technologies d’avenir comme celles qui permettraient d’exploiter de « manière propre » le gaz de schiste, mais aussi le stockage de l’énergie, les réseaux intelligents? Gérard Mestrallet conseille de rémunérer les opérateurs des centrales à gaz pour les maintenir en état de marche, en cas de pic de consommation.
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