Europe 1 publie aujourd’hui les conclusions du rapport 2013 de l’Observatoire des drogues et toxicomanies. Ce rapport qui étudie la consommation de drogues, mais aussi de tabac ou d’alcool, des Français, révèle qu’une part de plus en plus importante de la population a recours à ce type de substances psychoactives, avec une hausse significative des drogues « dures » mais aussi du « binge drinking« .
Europe 1 révèle donc aujourd’hui en exclusivité les conclusions du dernier rapport de l’OFDT. Durant la décennie 2000-2010, les experts de l’Observatoire ont étudié le comportement des Français vis à vis des drogues, du tabac ou de l’alcool. Et, si pendant les cinq premières années d’étude ils ont pu constater un recul de la consommation de cigarettes, d’alcool ou de drogues, la tendance s’est inversée en 2005. Entre 2005 et 2010, la consommation de drogues « dures« , comme l’héroïne, n’a cessé d’augmenter. La part de consommateurs est passée de 0,5% à 0,9% chez les 15-35 ans. Idem pour la cocaïne qui a vu son nombre de consommateurs tripler sur cette même période.
Au-delà de ces drogues dites « dures« , qui restent fort heureusement marginales, les consommations de tabac, de cannabis ou d’alcool inquiètent beaucoup plus les auteurs de l’étude qui pointent du doigt la mauvaise gestion du problème par les politiques. A titre d’exemple, alors les gouvernements successifs ont entrepris de mener diverses campagnes contre le tabac, la consommation en 2010 est identique à celle recensée en 2000. Mais, dans le même temps, le prix du paquet de cigarettes a pourtant été multiplié par plus de deux. La hausse de la fiscalité comme moyen dissuasif est donc à revoir.
53% des jeunes adultes pratiquent régulièrement le « binge drinking«
Interrogé par Europe 1, Michel Reynaud, spécialiste des addictions, explique que cette augmentation de la fiscalité sur le tabac doit être « accompagnée de la gratuité de la prise en charge de ceux qui veulent se soigner, qu’ils puissent le faire très facilement« . « L’augmentation régulière de 3% ne fait qu’enrichir les buralistes à qui on a fait bénéficier d’une taxe, d’un financement supplémentaire. Bercy entretient volontairement la consommation tabagique à un niveau élevé, elle a baissé dans les autres pays européens. L’Angleterre il y a dix ans avait le même niveau que nous, aujourd’hui 10% de moins« , ajoute-t-il.
S’agissant de l’alcool, le rapport confirme sur la décennie étudiée, c’est surtout le comportement vis à vis de l’alcool qui a changé. Le petit verre de vin quotidien a laissé place au « binge drinking« , une pratique qui consiste à ingurgiter le plus d’alcool possible en un minimum de temps pour atteindre rapidement une ivresse totale. 53% des jeunes adultes et adolescents y auraient recours au moins une fois par mois!
Des actions ciblées pour les jeunes
En revanche, la consommation de cannabis serait en recul. Tandis que 2% des Français reconnaissent fumer régulièrement, l’usage régulier a été divisé par deux chez les jeunes. La France demeure toutefois le pays avec la plus forte proportion de jeunes consommateurs. C’est pourquoi les experts de l’OFDT préconisent la mise en place d’actions ciblées pour les jeunes.
« Tous les experts sont d’accord pour dire que la consommation chez les jeunes est la plus dangereuse et la plus nocive. S’il doit y avoir une action forte, elle doit porter sur les moins de 18 ans, avec limitation de l’accès à tous les produits et une incitations aux soins plus précoces. La politique actuelle qui consiste à pénaliser les usagers, 200.000 interpellations, ne représente que 10% des usagers, il y a un sentiment d’impunité. Elle donne sur des stages très chers ou des rappels à l’ordre qui ne servent à rien. La politique exagérément répressive vis à vis des consommateurs n’a pas produit d’effets », conclut alors Michel Reynaud sur Europe 1.
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