Entendu dans le cadre du procès du Mediator à Nanterre, le Pr Bernard Bégaud annonçait que les effets secondaires des médicaments tuent chaque année 18.000 personnes en France. Une étude internationale menée auprès de 255 médecins et publiée dans le Journal of General Internal Medecine, confirme aujourd’hui leur mauvaise information sur les effets secondaires graves des médicaments qu’ils prescrivent.
Les effets secondaires des médicaments sont directement responsables de 18.000 décès chaque année en France. C’est ce qu’annonçait le Dr Bernard Bégaud à la barre du tribunal de Nanterre dans le cadre du procès du Mediator. Une étude internationale tant à confirmer les dires du Dr Bégaud, mais aussi à donner une explication à cette situation. Selon les conclusions de cette étude menée auprès de 255 médecins de Sacramento, Montréal, Vancouver et Toulouse, les visiteurs médicaux qui prennent rendez-vous avec les médecins pour leur présenter les nouveaux produits de leur laboratoire, omettraient le plus souvent d’en préciser les effets secondaires graves.
Les effets secondaires graves passés sous silence
Il semble évident que dans le cadre de leur démarche commerciale, les visiteurs médicaux, véritables commerciaux des laboratoires auprès des médecins, mettent en avant les bienfaits des produits qu’ils défendent. Mais, l’étude démontre donc que dans la moitié des cas, les effets secondaires néfastes ne sont pas évoqués spontanément. Dans 66% des cas, ils ne sont pas du tout abordés à Vancouver ou Montréal. Toulouse s’en sort beaucoup mieux avec ces effets néfastes évoqués dans 61% des présentations. Mais, les effets secondaires dits « graves » sont quant à eux le plus souvent passés sous silence. Ils ne sont mentionnés dans ces villes que dans 5% à 6% des présentations.
Aux vues de ces chiffres, l’Organisation mondiale de la Santé demande alors une information plus objective de la part des visiteurs médicaux, rappelant que la Charte de la visite médicale, publiée en 2004, leur fait obligation d’assurer « la connaissance du médecin« , c’est à dire assurer l’information sur « tous les aspects réglementaires et pharmaco-thérapeutiques relatifs au médicament présenté« , et donc aussi « les effets indésirables« .
Des chiffres qui devraient être de 100%
De même, pour Pascal Le Guyader, directeur des affaires industrielles, sociales et de la formation du Leem (groupement des industriels du médicaments), ces chiffres ne sont pas acceptables. Ils « devraient être de 100% « . « Le médecin n’a pas à poser la question, c’est au visiteur médical de donner les effets secondaires ou indésirables« , estime-t-il. Alors, « certes, une visite médicale dure en moyenne 12 minutes, mais la charte et le processus de certification nous obligent à assumer ce devoir d’information« , conclut-il.
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