L’Agence internationale de l’Energie est inquiète. Dans un rapport publié hier, l’AIE estime qu’au rythme actuel, la hausse moyenne des températures dans le monde dépassera allégrement les 2° C officiellement visés par la planète, pour atteindre une augmentation comprise entre 3,6° C et 5,3° C d’ici un siècle.
La situation est alarmante. « Le monde n’est pas sur la bonne voie pour limiter l’augmentation de la température mondiale à 2 degrés Celsius » avertit l’AIE. En publiant hier une projection particulièrement inquiétante, l’organisme international en charge des questions énergétiques, demande à tous les pays concernés d’adopter rapidement des politiques énergétiques respectant les objectifs climatiques mondiaux sans nuire à la croissance économique.
« Le changement climatique n’est plus une priorité politique » constate avec regret Maria van der Hoeven « mais le problème ne va disparaître » pour autant a souligné la directrice de l’AIE à Londres, à l’occasion de la présentation du Rapport spécial World Outlook, qui entend redessiner la carte mondiale énergie-climat grâce à une action intensive avant 2020.
Jusqu’à 5,3° C d’ici 100 ans
Le secteur de l’énergie participe pour environ les deux tiers des émissions mondiales de gaz à effet de serre rappelle la responsable de l’AIE. « Ce rapport prouve qu’au rythme actuel, nous sommes sur le chemin d’une augmentation de la température comprise entre 3,6° C et 5,3° C » s’alarme Maria van der Hoeven. Cependant, « beaucoup plus pourrait être fait pour réduire les émissions du secteur de l’énergie sans compromettre la croissance économique » souligne la directrice de l’AIE.
Parmi les mesures proposées par l’AIE, l’agence préconise de supprimer les subventions aux carburants fossiles. Les aides publiques limitant notamment le prix de l’essence représenteraient une enveloppe mondiale de plusieurs centaines de milliards d’euros.
Dans le même temps, l’agence conseille la mise en place de mesures d’efficacité énergétique dans les bâtiments, l’industrie et le transport qui pourraient représenter pour près de la moitié de la réduction des émissions en 2020. L’investissement supplémentaire requis serait plus que compensé par la réduction des dépenses sur les factures de carburant souligne l’AIE.
Réduire les aides favorisant les énergies fossiles
Le rapport préconise de limiter la construction et l’utilisation des centrales au charbon les moins efficaces, ce qui permettrait également de réduire la pollution atmosphérique locale. Il demande aussi d’augmenter la part de la production d’électricité à partir des énergies renouvelables, et de réduire notamment les émissions de méthane dans l’industrie pétrolière et gazière.
Malgré la crise actuelle, les rejets liés à la consommation énergétique mondiale ont augmenté de 1,4 % en 2012, atteignant un nouveau record d’émissions de 31,6 gigatonnes.
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