L’Inserm vient de publier une expertise collective sur les effets des pesticides sur la santé. Cette expertise réalisée à la demande de la Direction générale de la santé, montre notamment qu’il existe une association entre l’exposition professionnelle aux pesticides et le cancer de la prostate ainsi que certains cancers hématopoïétiques (lymphomes non hodgkiniens, myélomes multiples).
L’expertise réalisée par l’Inserm fait suite à des enquêtes épidémiologiques qui, depuis les années 1980, ont évoqué l’implication des pesticides dans plusieurs pathologies chez des personnes exposées professionnellement à ces substances, notamment des pathologies cancéreuses. Un groupe pluridisciplinaire d’experts a donc analysé les données de la littérature scientifique publiée au cours des 30 dernières années.
L’expertise collective s’est notamment intéressée à huit localisations de cancer : 4 cancers hématopoïétiques, ainsi que les cancers de la prostate, du testicule, les tumeurs cérébrales et les mélanomes. La plupart de ces localisations avaient été identifiées dans des méta-analyses antérieures comme potentiellement associées à une exposition aux pesticides, généralement sans distinction sur les matières actives incriminées.
Cancer de la prostate
Concernant le cancer de la prostate, une augmentation du risque existe chez les agriculteurs, les ouvriers d’usines de production de pesticides et les populations rurales (entre 12 et 28 % selon les populations). Quelques matières actives ont été spécifiquement documentées, en population générale : chlordécone; en population professionnelle : carbofuran, coumaphos, fonofos, perméthrine. Toutes sont actuellement interdites d’usage. Pour certaines d’entre elles, un excès de risque est observé uniquement chez les agriculteurs ayant des antécédents familiaux de cancer de la prostate.
Cancers hématopoïétiques
Pour les cancers hématopoïétiques, une augmentation de risque de lymphomes non hodgkinien et de myélomes multiples existe chez les professionnels exposés aux pesticides du secteur agricole et non agricole. Les pesticides organophosphorés et certains organochlorés sont suspectés. Bien que les résultats soient moins convergents, un excès de risque de leucémies ne peut être écarté.
Concernant les autres localisations cancéreuses étudiées, l’analyse de l’ensemble des études reste difficile, en raison d’une incidence faible ou de l’existence d’un facteur de confusion important.
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