Prévenir le cancer en soignant son alimentation. Plus de 150 experts nationaux et internationaux se sont réunis récemment à Paris à l’initiative de l’Institut national du cancer (INCa) pour faire un point sur les avancées en matière de nutrition et de cancer et recommander notamment la vigilance sur le calcium.
L’Institut national du cancer (INCa) a organisé jeudi dernier, avec l’Institut Cancer Aviesan et le Réseau National Alimentation Cancer Recherche (NACRe), un colloque scientifique international qui a réunit à Paris plus de plus de 150 experts sur le thème : « Nutrition and Cancer: hot topics from biology to public health issues » (Nutrition et cancer : les sujets-clefs, de la recherche fondamentale à la santé publique). L’occasion de faire un tour d’horizon sur l’état de la recherche biologique et épidémiologique en matière de produits laitiers, d’obésité, de chimiothérapie et métabolisme, et sur les aspects sociétaux de la consommation de boissons alcoolisées.
Produits laitiers : vigilance sur le calcium
Les experts du cancer se sont penchés sur l’étude des liens entre la consommation de produits laitiers et le risque de cancers. En la matière, la littérature scientifique se révèle ambivalente, avec des effets protecteurs dans certains cas mais aussi un risque légèrement augmenté pour le cancer de la prostate.
Selon les études présentées, une consommation de 2 à 3 produits laitiers par jour, comme le recommande le Plan national nutrition santé (PNNS), aurait un effet protecteur sur les cancers de la vessie et du côlon. Mais selon une étude présentée par Dr Teresa Norat, épidémiologiste à la School of Public Health de l’Imperial College de Londres, elle augmenterait légèrement le risque de cancer de la prostate.
Par ailleurs, les intervenants ont appelé à une vigilance particulière pour les prochaines recommandations concernant la consommation de calcium, notamment chez les personnes âgées. En effet, quand le calcium des produits laitiers est ingéré en même temps que des produits carnés ou de la charcuterie, il réduit l’absorption du fer contenu dans ces aliments, précise l’INCa.
Soigner son hygiène de vie avant et après un cancer
La deuxième session avait pour objet les rapports entre risque de cancers, obésité et activité physique. Le Pr Elio Riboli, directeur de la School of Public Health Imperial College à Londres et initiateur de la cohorte européenne EPIC, a présenté un travail établissant que les femmes dont l’indice de masse corporelle (IMC) était élevé avant la ménopause présenteraient plus de risques que les autres de souffrir d’un cancer du sein après leur ménopause.
De son côté, le Pr Yves Jean Bignon, du CRLCC Jean Perrin de Clermont-Ferrand, a présenté les premiers résultats d’une étude menée sur 251 femmes ayant subi une chimiothérapie pour un cancer du sein. Une moitié d’entre elles a bénéficié d’un suivi standardisé ; les autres ont eu l’occasion de faire une cure thermale de deux semaines avec un suivi diététique et une activité physique adaptés. Les résultats ont montré que, dans ce dernier groupe, le contrôle pondéral post-traitement était significativement meilleur que dans le groupe-témoin.
Chimiothérapie et métabolisme : le « cercle vicieux »
Lors de cette session, le Pr Vickie Baracos, spécialiste en cancérologie et médecine palliative à l’université d’Alberta (Canada), a mis en évidence le rôle de la sarcopénie ? diminution progressive de la masse musculaire ? au cours du traitement du cancer. Les patients atteints de sarcopénie se comportent comme en cas de surdosage, avec une toxicité parfois telle qu’il faut réduire les doses, retarder ou cesser définitivement le traitement, soulignent experts. L’objectif des oncologues et des nutritionnistes est ainsi, grâce à une collaboration étroite, d’augmenter l’index thérapeutique (augmenter l’efficacité et/ou réduire la toxicité) du traitement via l’évaluation et la thérapie nutritionnelle.
La dernière session de la journée a porté sur les comportements et les pratiques en matière de consommation d’alcool, autant à l’échelle microsociale ? influences familiales, notamment ? que macro-sociale, avec l’analyse des politiques de prévention publique en Europe.
L’importance de la prévention en matière de l’alcool
Le Dr Loïc Le Minor, du Groupe de recherches et d’études sociologiques de Centre Ouest (GRESCO), à Poitiers, a présenté une étude sociologique financée par la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les toxicomanies (MILDT) et l’INCa, et menée auprès d’un échantillon de 2 364 étudiants. Les résultats préliminaires montrent l’importance d’une approche préventive comportementale, passant notamment par le type d’éducation parentale analysé à travers quatre profils éducatifs (autoritaire, vigilant, indulgent ou négligent).
Enfin, le Pr David Foxcroft, de l’Université d’Oxford Brookes en Grande-Bretagne, a présenté ses travaux sur le rôle des structures sociales ? famille, école, employeur, gouvernement ? dans la prévention des conduites à risques, dont la consommation d’alcool. Afin de limiter l’impact des facteurs de risque associés à cette consommation, il a notamment mis en exergue l’importance d’une éducation préventive précoce grâce à la mise en place d’interventions du type « Good Behaviour Game ».
De nombreuses réponses à venir
Le Pr Fabien Calvo, directeur du pôle « Recherche et Innovation » de l’INCa, a clôturé ce colloque en soulignant l’importance des thèmes de la nutrition et du métabolisme dans la recherche contre les cancers. « Nous attendons de nombreuses réponses aux appels à projet lancés sur ces thématiques, importantes dans tous les domaines », a-t-il précisé.
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