L’Institut national du cancer (INCa) vient d’actualiser les chiffres de l’évolution de l’incidence et de la mortalité par cancer en France. En neutralisant les effets mécaniques liés à l’augmentation de la population et à son vieillissement, les chiffres, en légère baisse, sont encourageants, sauf pour les cancers du poumon chez la femme et de la peau pour les hommes.
En 2012, 355 000 nouveaux cas de cancer ont été enregistrés en France métropolitaine, 200 000 chez l’homme et 155 000 chez la femme. Le cancer de la prostate reste de loin le cancer le plus fréquent chez l’homme avec 56 800 nouveaux cas par an, devant le cancer du poumon (28 200 nouveaux cas) et le cancer colorectal (23 200 nouveaux cas). Chez la femme, le cancer du sein reste le cancer le plus fréquent avec 48 800 nouveaux cas par an, devant le cancer colorectal (18 900 nouveaux cas) et le cancer du poumon (11 300 nouveaux cas).
Explosion des cas de cancer
Depuis 1980, le nombre de nouveaux cas de cancers a considérablement augmenté chez l’homme comme chez la femme, avec une explosion respective des cas de 107,6 % et 111,4 %. Cette augmentation s’explique en grande partie par l’accroissement de la population, qui mécaniquement augmente le nombre de cas, et par son vieillissement, la majorité des cas survenant chez les sujets âgés, précise l’INCa.
Plus précisément, l’augmentation des cas de cancer s’explique chez l’homme à hauteur de 30,8 % par l’accroissement de la population et à hauteur de 33,7 % par son vieillissement. Chez la femme, les chiffres sont respectivement de 33,8 % et 22,5 %. Selon l’institut français, le reste de la hausse du nombre de cas, soit 43,1 % chez l’homme et 55,1 % chez la femme, s’explique par l’augmentation de la probabilité d’être diagnostiqué avec un cancer, notamment en raison de l’évolution de l’exposition aux facteurs de risque et des modifications intervenues dans les méthodes diagnostiques.
S’agissant de la mortalité, le nombre de décès par cancer a augmenté de 11 % chez l’homme et de 20,3 % chez la femme, depuis une quarantaine d’années, entre 1980 et 2012. Cette hausse est attribuable à l’évolution démographique (augmentation et vieillissement de la population) alors que le risque de décéder a diminué notablement, la diminution étant plus marquée chez l’homme.
Relativiser les statistiques brutes
Mais en s’affranchissant des effets liés à l’augmentation de la population et à son vieillissement, les chiffres sont plus rassurants. En effet, en s’intéressant au seul « taux standardisé » qui neutralise ces deux facteurs d’augmentation mécanique, les cas de cancer baisse ou se stabilisent depuis 2005.
Concrètement, depuis cette date, on observe une diminution du taux de cas de cancer ou incidence chez l’homme (en moyenne -1,3 % par an) et un ralentissement de l’augmentation de ce taux chez la femme (en moyenne +0,2 % par an). On note ainsi, d’une part, une tendance à la baisse de l’incidence des cancers du sein et de la prostate depuis 2005 et, d’autre part, une stabilité de l’incidence de certains cancers (côlon-rectum et poumon chez les hommes) précise l’INCa.
Concernant le cancer du sein, un facteur important de cette baisse de l’incidence depuis 2005 pourrait être la diminution de la prescription de traitements hormonaux de la ménopause ou de leur durée. L’arrêt de la montée en puissance du dépistage peut également être évoqué soulignent les experts.
Baisse de la mortalité
Toujours sur la période comprise entre 1980 et 2012, le taux standardisé de mortalité a, pour sa part, diminué en moyenne de 1,5 % par an chez les hommes et de 1 % chez les femmes au cours de la période 1980-2012. Les taux de mortalité par cancer sont toujours plus élevés chez les hommes que chez les femmes, mais ils diminuent plus rapidement chez les hommes. Cette diminution est essentiellement liée à la diminution de la consommation d’alcool et de tabac chez les hommes avance l’Institut national du cancer.
Si les experts soulignent l’effet combiné de la diminution des cas de cancers de mauvais pronostic (cancers de l’?sophage, de l’estomac, des voies aéro-digestives supérieures par exemple) et l’augmentation de l’incidence des cancers de meilleur pronostic, ils s’inquiètent également de la hausse des certains cancers. Pour certaines tumeurs solides, en particulier le cancer du poumon chez la femme et le mélanome cutané chez l’homme, les évolutions marquées par une augmentation conjointe de l’incidence et de la mortalité restent « préoccupantes » affirme l’INCa.
Les efforts de prévention menés pour ces deux cancers évitables dont les principaux facteurs de risque sont connus (tabagisme pour le cancer du poumon et exposition aux ultraviolets naturels ou artificiels pour les mélanomes de la peau) doivent être maintenus et renforcés conclut l’institut.
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