L’Inra a procédé ce week-end à l’arrêt du dernier essai qu’il conduisait encore en plein champ dans le Loiret. La France est officiellement devenue depuis samedi, un pays sans recherche fondamentale sur les OGM en plein champ. Si cette annonce réjouit la plupart des écologistes, elle désespère les scientifiques.
Cette fois, c’est fait. L’institut national de la recherche agronomique a pris officiellement acte de l’absence de nouvelle autorisation lui permettant de poursuivre ses travaux scientifiques utilisant des peupliers génétiquement modifiés. Sur un sujet ô combien sensible, le gouvernement a préféré ménager ses partenaires écologistes en décidant courageusement? de pas décider.
Les faucheurs ont gagné
Les faucheurs volontaires, José Bové en tête ont gagné. La France est devenue depuis ce week-end un pays exempt d’OGM, perdant ainsi définitivement sans doute, toute velléité à exister dans la recherche mondiale sur les organismes génétiquement modifiés, alors que l’hexagone figurait pourtant parmi les pays en pointe en la matière dans les années 90.
En 2007, l’Inra et son centre de recherche d’Orléans avaient obtenu l’autorisation de procéder à un essai scientifique utilisant des peupliers génétiquement modifiés avec 3 objectifs. Il s’agissait de produire des connaissances sur les processus biologiques intervenant dans la formation du bois, d’évaluer le potentiel technologique lié à ces connaissances, dans le cadre des réflexions en cours sur la transition énergétique (biocarburants de 2ème génération), et enfin de comprendre les interactions entre le peuplier (en fonction de la nature et de la structure de son bois) et le sol, et notamment évaluer l’impact des plantes génétiquement modifiées sur la biodiversité microbienne du sol.
Le gouvernement ménage les écologistes
Cet essai, mené sur une parcelle expérimentale du Loiret, visait donc « l’acquisition de connaissances d’intérêt général » souligne l’Inra. Il avait d’ores et déjà produit des résultats scientifiques « notables » au moment où l’Institut en a demandé le renouvellement, pour une période supplémentaire de 5 ans. Cette demande avait été effectuée dans le respect des principes que l’Institut s’est fixé dans le cadre de tels essais : pertinence (transition énergétique), parcimonie (essai unique et de faible surface sur cette thématique), transparence (procédure concertée et encadrée, tant sur les finalités que sur la sécurité biologique et environnementale) précise l’institut.
Eu égard aux délais d’instruction de la demande de renouvellement de l’essai, aux engagements souscrits en 2007 dans le cadre de l’autorisation initiale, aux contraintes climatiques particulières du printemps 2013 et à leur influence sur l’expérimentation, et en l’absence de l’autorisation attendue, l’Inra a finalement été contraint de décider de dévitaliser définitivement les peupliers génétiquement modifiés, mise en ?uvre le samedi 13 juillet matin.
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