Le nuage de Tchernobyl a-t-il pollué l’île de beauté au point d’occasionner une recrudescence des cancers de la thyroïde chez les Corses ? Oui sans conteste, selon une étude commandée par l’Assemblée de Corse et publiée en juillet dernier, mais critiquée depuis par l’IRSN et Marisol Touraine, ministre de la Santé.
Sous la responsabilité de Paolo Cremonesi de l’hôpital Galliera de Gênes, c’est une équipe de 25 chercheurs qui a mené cette étude pendant un an, avec le concours notamment de médecins endocrinologues libéraux installés sur l’île. Plus grande enquête épidémiologique réalisée en Corse sur les conséquences sanitaires de l’accident nucléaire de Tchernobyl survenu en avril 1986, ses résultats sont inquiétants, identifiant des milliers de victimes.
L’étude italienne a été réalisée à partir de 14 000 dossiers médicaux et plus précisément 5 448 dossiers « complets » concernant des patients ayant consulté avant et après l’accident de la centrale nucléaire. A en croire l’étude, le nuage radioactif a eu des conséquences sanitaires très concrètes sur la population corse.
+78% de risque
Chez les hommes exposés au nuage, le sur-risque de développer une pathologique de la thyroïde a été globalement évalué à +78,28%, à +64,51% pour les nodules bénins, +103% pour l’hyperthyroïdisme et +28,29% pour les cancers de la thyroïde. Chez les femmes, le risque de thyroïdites a été estimé à +55,33 %. Enfin pour les enfants, le risque de thyroïdites a été estimé à +62 % avec également une augmentation de l’incidence des leucémies aiguës également observée.
Publiés début juillet, les résultats de cette étude ont rapidement été critiqués par les pouvoirs publics. « Les données de base utilisées et les méthodes d’analyse paraissent approximatives et mal décrites » affirme l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire. L’étude « Ospedali Galliera » coordonnée par le Pr. Cremonesi de l’Hôpital de Gênes a été jugée « non concluante » par le gouvernement courant juillet.
L’Etat nie l’évidence
« L’Etat est toujours dans le déni de ce qui s’est passé. Il continue à nier l’évidence alors que les résultats montrent, de façon peu discutable, une corrélation nette entre les retombées du nuage radioactif et l’explosion des pathologies, notamment celle de la thyroïde, constatées en Corse » affime Fabienne Giovannini, élue territoriale de Femu a Corsica, membre de la Commission Tchernobyl et présidente de l’observatoire régional de la santé, dans une interview accordée à Corse Net Infos.
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