Longtemps considérée comme une pratique religieuse, la circoncision reste un geste chirurgical simple pouvant être proposé à tous les hommes. Et, un programme mené par des chercheurs dans un bidonville sud-africain a montré que cette circoncision aurait un effet protecteur contre une contamination par le virus du sida. Une nouvelle piste pour tenter d’endiguer les infections.
Des chercheurs français, américains et sud-africains ont donc mené un vaste programme de circoncision volontaire, gratuite et médicalisée aux hommes du bidonville d’Orange Farm en Afrique du Sud. Plus de 20.000 hommes âgés de plus de 15 ans se sont soumis au geste chirurgical. Et, il apparait que cette mesure a permis de réduire sensiblement le taux de nouvelles infections par le virus du sida dans le bidonville.
« L’effet protecteur de la circoncision sur le risque d’être infecté par le VIH chez l’homme avait déjà été montré dans un essai clinique réalisé en 2005 en Afrique du Sud, et confirmé par des essais au Kenya et en Ouganda, mais nous n’avions pas la preuve jusqu’à présent que la méthode était utilisable dans la vraie vie« , explique à l’AFP le Pr français Bertrand Auvert qui a dirigé l’étude. Ainsi, sur un groupe de 3.000 hommes, la réduction du taux de nouvelles infections chez les hommes circoncis atteindrait 57 à 61% par rapport aux non circoncis.
Vers une généralisation de la circoncision en Afrique
« L’étude montre qu’il est possible d’obtenir ce résultat en seulement quelques années, y compris dans des populations où la circoncision n’est pas une pratique usuelle, comme les pays d’Afrique australe et orientale où se concentre 50% de l’épidémie mondiale de sida« , ajoute le Pr Auvert.
Concrètement, la circoncision réduirait la surface de peau comportant de très nombreuses cellules immunitaires très sensibles au VIH. Par ailleurs, après cette intervention, une couche de cellules semblables à celles recouvrant la peau se reconstitue sur la muqueuse, constituant une barrière à l’entrée du virus.
Cette nouvelle piste mérite donc d’être creusée, et pour le Pr Jean-Paul Delfraissy, le directeur de l’agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales « la généralisation de la circoncision doit plus que jamais être une priorité de santé publique en Afrique australe et de l’Est (…) Chaque fois qu’on fait 5 circoncisions, on évite une infection par le VIH dans les 15 ans qui viennent« .
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