Modérer son alimentation pour prévenir… mais aussi guérir du cancer

On connaît les bienfaits d’une alimentation modérée sur la santé. Il semble bien que la restriction calorique soit également positive pour augmenter l’efficacité de la chimiothérapie sur les malades du cancer, selon les résultats d’une étude menée par des chercheurs à Nice.

« Réduire ses apports alimentaires en cas de cancer modifierait l’expression de gènes impliqués dans le développement de la maladie et pourrait ainsi accroitre l’efficacité de certains traitements anti-tumoraux ». C’est la conclusion d’une étude réalisée par une équipe de l’Inserm chez des souris atteintes de lymphomes.

Un régime pauvre en sucre et en graisse diminue le risque de cancer alors que l’obésité l’accroit. Ce lien entre corpulence, régime alimentaire et cancer est maintenant bien établi rappelle l’Inserm. Mais la restriction calorique pourrait-elle également avoir une incidence sur la sensibilité à un traitement anti-cancéreux ?

Positif pour prévenir et guérir

C’est à cette question que s’est consacrée une équipe de l’Inserm, en soumettant des souris atteintes de lymphomes, à un régime hypocalorique pendant une vingtaine de jours. Concrètement, les rations alimentaires quotidiennes des animaux ont été amputées de 25 % de leurs apports énergétiques totaux.

Les chercheurs ont ensuite observé l’expression de gènes de la famille Bcl-2, des oncogènes impliqués dans la survenue de nombreux cancers, notamment dans celle des lymphomes. Ils ont constaté que la restriction calorique réduisait de près de 40 % l’expression de l’un de ces oncogènes, Mcl-1, dans les cellules tumorales.

Ils ont alors administré un traitement anticancéreux peu efficace en cas de surexpression de Mcl-1 (la molécule ABT 737). Les résultats sont sans appel : grâce à la baisse partielle d’expression de Mcl-1 chez les souris en restriction calorique, le médicament est devenu plus efficace. L’espérance de vie médiane est passée de 30 jours dans le groupe de souris témoins, sans régime particulier, à 41 jours.

Etablir une « fenêtre thérapeutique pour cette restriction »

« Ces résultats indiquent que la restriction calorique module l’expression d’un oncogène et que cela permet d’accroitre l’efficacité d’un médicament qui n’est pas actif contre cet oncogène » explique Jean-Ehrland Ricci, coauteur des travaux menés par l’unité Inserm 1065 du Centre méditerranéen de médecine moléculaire (C3M) de Nice.

Si cette expérience a testé une molécule thérapeutique bien précise, « ces résultats pourraient concerner d’autres thérapies anticancéreuses » avance le chercheur. Cependant, la restriction calorique n’est pas recommandée chez les patients cancéreux. Elle affaiblit les patients et a d’autres répercussions souligne l’étude.

L’objectif est donc d’établir « une fenêtre thérapeutique pour cette restriction ». L’équipe de l’Inserm va désormais tester si un régime hypocalorique limité à quelques jours avant une chimiothérapie permet d’obtenir les mêmes résultats. Les chercheurs étudieront également si la diminution seulement des apports en graisses et en sucres peut se révéler suffisant, au lieu d’un quart des prises alimentaires.

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