François Gervais, physicien spécialiste de thermodynamique. Professeur émérite à l’Université François Rabelais de Tours, médaillé du CNRS et primé par l’Académie des Sciences, il a récemment été choisi comme rapporteur critique par le GIEC. Il est l’auteur de « L’Innocence du carbone » qui vient de paraître aux éditions Albin Michel.
Le GIEC a publié vendredi son dernier rapport sur le changement climatique. Il confirme la responsabilité de l’activité humaine dans le réchauffement climatique et annonce des bouleversements probables encore plus inquiétants. Comment réagissez-vous à ce nouveau rapport ?
Malgré des conclusions qui se veulent inquiétantes, je constate que la plupart des valeurs annoncées, comme la fourchette de hausse des températures, sont plutôt en baisse. Le GIEC s’enferme dans un discours volontairement alarmiste en niant la réalité d’un réchauffement qui s’est arrêté depuis plus de 15 ans.
Niez-vous la réalité du réchauffement climatique ?
Je ne conteste pas ce réchauffement climatique. Mais ce réchauffement a débuté en 1695, sous Louis XIV ! On enregistre depuis cette date, une hausse des températures, lente mais réelle. Mais il faut la relativiser, cette hausse reste modérée, de l’ordre de 0,6° au siècle dernier.
Se superpose à ce phénomène le résultat d’une découverte récente, l’existence d’un cycle climatique de 60 ans. Et on se trouve actuellement au sommet de ce cycle. Il faut donc s’attendre à une stagnation voire à une baisse des températures dans les prochaines années.
Contestez-vous l’impact des émissions de carbone sur ce réchauffement ?
Le réchauffement climatique s’est arrêté depuis 15 ans voire même 20 ans sur la basse stratosphère, et pourtant les émissions de gaz à effet de serre n’ont jamais été aussi importantes. D’ailleurs même le GIEC le reconnaît dans son rapport. La réalité c’est que les évolutions climatiques sont essentiellement naturelles.
La littérature scientifique récente s’accorde d’ailleurs aujourd’hui pour estimer que le climat n’enregistrera pas de hausse supérieure aux 2°C fixés à Copenhague. Le problème c’est que le GIEC oublie parfois de citer certaines recherches, en opérant une sorte de tri sélectif dans les publications pour ne retenir que celles qui l’arrangent.
Pourquoi remettez-vous en cause l’effet de serre dans votre livre « L’innocence du carbone » ?
Les lois de la physique sont indiscutables, l’effet de serre est une réalité et heureusement d’ailleurs parce que sinon nous n’aurions pas assez de chaleur sur la terre pour y vivre. Chacun peut d’ailleurs expérimenter le principe de cet effet de serre en montant simplement dans une voiture qui a été exposée au soleil.
Ce que je discute dans tout un chapitre de mon livre, c’est la saturation de cet effet. Il n’y aura pas de scénario catastrophe. Il faut rassurer tout le monde sur l’objectif des 2°C d’augmentation de la hausse des températures, on ne dépassera pas ce chiffre, on sera même en dessous !
Contestez-vous également la fonte des glaces qui semble une réalité ?
L’Arctique a tendance à fondre, c’est vrai, même si le déficit est relativement modéré depuis 35 ans. Il correspondait environ aux 2/3 tiers de la superficie de la France au printemps dernier. Mais ce qu’on ne dit pas, c’est qu’on enregistre dans le même temps un excédent de banquise en Antarctique, comparable depuis 2013, au déficit de glaces de l’Arctique. Il n’y a pas de quoi s’affoler.
Pourquoi vantez-vous dans votre livre les mérites du carbone ?
Le carbone c’est le diamant, le graphite de la mine d’un crayon, c’est aussi le graphène, la fullerène et toutes ces belles choses qui ont donné lieu récemment à un prix Nobel.
Vous considérez-vous comme un climato-sceptique ?
Je ne suis pas un climato-sceptique mais un climato-réaliste. Je ne remets pas en cause l’intérêt des politiques de réduction des émissions, mais j’en relativise la portée.
Sans nier certains effets négatifs du changement climatique, il faut également évoquer les effets bénéfiques du CO2 qui a légèrement augmenté dans l’atmosphère, à savoir un verdissement de la végétation et une augmentation des rendements des cultures dans le monde, évalués à 15%. C’est un fertilisant gratuit.
Pourquoi des voix comme la vôtre sont si peu audibles dans les médias sur cette question ?
Chez les scientifiques, qui peut tenir ce discours ? Un jeune chercheur qui oserait le faire verrait sa carrière s’arrêter tout de suite. Un chercheur senior ne peut pas non plus, car il est lui tributaire des crédits de recherche.
Je peux tenir ce discours parce que je suis Professeur émérite et je ne demande plus de crédits à personne. J’ai été directeur de laboratoire pendant 14 ans et je sais comment fonctionne le financement de la recherche.
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