Le groupe français a confirmé ce matin la signature d’un accord avec Londres sur le projet de centrale nucléaire Hinkley Point C. Aux côtés d’Henri Proglio, président d’EDF, le ministre de l’Energie Ed Davey officialise aujourd’hui la construction de 2 réacteurs EPR outre-Manche, dans le Somerset, dont le premier est attendu en 2023.
C’est fait ! Après de très longs mois de négociations, le feu vert des autorités de sureté nucléaire britanniques, EDF, accompagné par Areva mais aussi deux partenaires chinois, vient officiellement d’obtenir l’accord de Londres pour la construction et l’exploitation de 2 EPR en Grande-Bretagne, estimée globalement à près de 19 milliards d’euros. C’est une formidable nouvelle pour toute la filière nucléaire française.
Sur place, les travaux préparatoires du projet ont déjà bien avancé au Sud-Ouest de l’Angleterre, à 260 km de Londres. Le design a été approuvé par les régulateurs britanniques et le site nucléaire a obtenu la licence et le permis de construire a été accordé souligne EDF. La mise en service de la centrale nucléaire est prévue en 2023.
Première centrale nucléaire depuis 1995
Le Royaume-Uni est confronté à une période stratégique pour son avenir énergétique. D’ici 2025 plus de 40% des centrales du Royaume-Uni devront fermer alors que les besoins en électricité ne cessent de croitre rappelle EDF. Avec des ressources britanniques en pétrole et en gaz en déclin, le pays avait besoin de se doter d’une alternative énergétique.
Avec deux réacteurs EPR de 1,6 GW, Hinkley Point C sera la première centrale nucléaire construite au Royaume-Uni depuis plus de 20 ans et la construction de Sizewell en 1995. Aujourd’hui, le nucléaire couvre environ 18% de la demande en électricité du Royaume-Uni, et il devrait fournir près de 40% de la production d’électricité britannique d’ici 2030.
60 ans
Techniquement, les deux réacteurs EPR d’une puissance de 3,2 GW fourniront 7% des besoins en électricité du Royaume-Uni, soit l’équivalent de l’alimentation de 5 millions de foyers britanniques, pour une durée de vie d’au moins 60 ans. Pour la première fois en Grande-Bretagne, les coûts de gestion des déchets et du démantèlement sont inclus dans le projet dès son origine au travers d’un programme de financement du démantèlement (Funded Decommissioning Programme) précise EDF.
Porté par EDF qui en possédera 45 à 50%, le consortium en charge de ce projet comprendra également Areva avec une participation de 10%, China General Nuclear Corporation (CGN) et China National Nuclear Corporation (CNNC) avec une participation de 30 à 40% et éventuellement d’autres investisseurs pour une participation restante d’environ 15%.
109 ? le MWh
« Cet accord constitue une excellente nouvelle pour la Grande-Bretagne et les consommateurs britanniques. Pour la première fois, une centrale nucléaire dans ce pays n’aura pas été construite avec l’argent du contribuable britannique. Cela nous permettra de renforcer et sécuriser notre modèle énergétique, grâce à une source d’électricité sûre, fiable et produite sur notre territoire » a affirmé Ed Davey, le Secrétaire d’Etat à l’Energie et au Changement Climatique. « Ce projet est compétitif par rapport au gaz et aux autres sources d’énergies propres » souligne le responsable britannique.
Au c?ur des négociations, le prix de rachat de l’électricité produite par les 2 réacteurs EPR. EDF s’est entendu avec le gouvernement britannique sur un prix de vente de l’électricité nucléaire de 109 euros le mégawattheure (MWh), un niveau suffisamment élevé pour garantir à son exploitant la rentabilité du projet. Quant aux foyers britanniques, si le projet leur assure la fourniture d’électricité dans le temps, pour 60 ans au moins, il leur confirme qu’elle ne sera pas donnée !
Facture énergétique en hausse de 30%
Au lieu d’investir dans le projet, Londres a choisi de garantir sur le long terme un prix d’achat du kilowattheure au géant français. Mais s’il satisfait EDF, le prix d’achat fixé risque d’être élevé pour les foyers britanniques, même si les prix actuels ne cessent d’augmenter. Entre 2007 et 2012, la facture énergétique a littéralement flambé outre-Manche, en grimpant de 30%, et ce n’est pas fini.
« Le projet d’EPR à Hinkley Point C représente une opportunité majeure pour la filière nucléaire française dans un contexte de renouvellement des compétences. Le projet va stimuler l’économie, créer des opportunités d’emplois des deux côtés de la Manche et permettre au Royaume-Uni, pays dans lequel EDF est déjà le premier producteur d’électricité, d’accroitre la part d’énergie décarbonée dans son mix de production » a déclaré de son côté Henri Proglio.
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