Organisée par l’association les Amis de la Terre, Peuples solidaires, ActionAid France et le Centre de recherche et d’information pour le développement (CRID), la remise des prix Pinocchio s’est tenue mardi La Java, à Paris. Ces prix récompensent les entreprises ayant le pire impact environnemental sur l’année écoulée. A l’honneur cette année, Areva, Auchan, et Veolia.
Le vote public avait été lancé le 15 octobre dernier et 41.000 internautes ont participé et se sont exprimés lors de cette nouvelle édition des prix Pinocchio. Plusieurs catégories ont été crées afin de récompenser les différentes entreprises ayant eu un impact négatif sur l’environnement cette année.
Ainsi, dans la catégorie « Plus vert que vert« , Areva a été plébiscité et remporte 59% des suffrages. L’netreprise doit son titre à la création d’urêka, un musée à la gloire des mines d’uranium sur le site d’anciennes mines du Limousin ayant laissé un lourd passif environnemental et sanitaire. Areva aurait alors négligé « les graves impacts sociaux et environnementaux que continuent d’avoir ses mines d’extraction d’uranium dans le monde entier, notamment au Niger et peut-être bientôt sur le territoire des Inuits », explique les Amis de la Terre.
Veolia et Auchan
Dans la catégorie « Une pour tous, tout pour moi« , c’est Veolia qui emporte la mise avec 39% des votes. Les votants ont souhaité souligné l’implication du groupe dans des projets de privatisation de l’eau en Inde, et en particulier à Nagpur. « Alors que la multinationale se présente en héros apportant l’eau aux pauvres, sur le terrain, les échos sont bien différents : augmentation des tarifs, opacité des contrats de partenariat public-privé, retard des travaux, conflits avec les villageois et les élus locaux. Si Veolia semble réussir à retirer des profits de ces projets, l’eau, quand elle arrive jusqu’aux populations, est toujours livrée en camion-citerne« , justifie l’association.
Enfin, Auchan remporte le prix dans la catégorie « Mains sales, poches pleines » suite à son refus de reconnaitre sa responsabilité dans l’effondrement des usines de textiles du RanaPlaza au Bangladesh. Le groupe avait alors refusé d’indemniser les victimes, alors même que des étiquettes de vêtements au nom de l’enseigne avait été retrouvées dans les décombres de l’accident qui avait causé 1133 morts et de nombreux blessés.
Reconnaissance de la responsabilité légale
Pour Juliette Renaud, chargée de campagne sur la Responsabilité sociale et environnementale des entreprises aux Amis de la Terre, « cette année, les Prix Pinocchio interviennent au moment même où une proposition de loi sur le devoir de vigilance des multinationales est déposée à l’Assemblée Nationale. C’est un premier aboutissement du combat mené de longue date par la société civile, notamment Les Amis de la Terre, Peuples Solidaires et le CRID. Nous espérons vivement que les parlementaires et le gouvernement sauront maintenant résister aux pressions des lobbies et que cette loi sera votée et mise en ?uvre rapidement, ouvrant enfin la voie à la reconnaissance de la responsabilité légale des maisons-mères des multinationales sur leurs filiales et sous-traitants ».
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