Certains troubles visuels annoncent un infarctus cérébral. C’est ce que rappelle une étude de l’Inserm qui estime que 20% des patients victimes d’une perte temporaire du champ visuel ou d’une brève perception de scintillements ont un risque majeur d’infarctus cérébral.
Si cette association est connue par les neurologues, elle reste encore ignorée par de nombreux professionnels de santé et par le grand public souligne l’Institut national de la santé et de la recherche médicale. Or, une vision double, une perte du champ visuel, ou encore l’apparition d’une tache ou de scintillements sont autant de troubles visuels transitoires qui peuvent être liés à un accident ischémique transitoire (AIT), c’est à dire à l’obstruction brève et sans séquelle d’une artère cérébrale.
Les chercheurs ont identifiés 826 patients présentant des troubles visuels transitoires suspectés d’avoir une origine ischémique. Leurs troubles visuels ont été classés en 6 catégories : cécité monoculaire transitoire, hémianopsie latérale homonyme (perte d’une partie du champ visuel), cécité corticale, diplopie (vision double), phénomènes visuels positifs (notamment scintillements) et inclassables.
Après un premier bilan clinique évaluant le mode d’apparition du trouble et les symptômes associés, les auteurs ont estimé que 80% de ces patients avaient très probablement été victimes d’un AIT. Pour les autres, le trouble visuel était lié à une autre cause comme une aura migraineuse, une fatigue visuelle intense…
La perte partielle du champ visuel en tête
Les chercheurs ont ensuite effectué un bilan cardiovasculaire à la recherche d’une source de risque de récidive d’infarctus cérébral : fibrillation auriculaire ou autre cardiopathie à haut risque embolique, sténose athéroscléreuse serrée (réduction artérielle supérieure à 50%) ou dissection des artères cervicales. Leurs résultats montrent que 20% des patients présentant un trouble visuel transitoire ont un risque majeur de récidive par infarctus.
Les troubles visuels les plus souvent associés à ce risque étaient la perte d’une partie du champ visuel (36 %), suivis des cécités monoculaires transitoires (20 %), des phénomènes visuels positifs (17 %) et des diplopies (13 %). Les personnes présentant une hémianopsie latérale homonyme étaient davantage exposées à ce risque car plus de 20 % d’entre elles présentaient une fibrillation auriculaire (trouble du rythme cardiaque) nécessitant une prise en charge en urgence.
L’AIT constitue un signe avant-coureur d’infarctus cérébral : le risque d’infarctus est particulièrement élevé dans les heures et les jours qui suivent un AIT rappelle l’Inserm. « Les troubles visuels transitoires peuvent prédire un infarctus. Ils nécessitent une prise en charge immédiate aux urgences et l’instauration d’un traitement préventif en cas de dépistage d’une maladie cardiovasculaire » prévient Philippa Lavallée, co-auteur des travaux.
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