Des sanctions plus strictes, la destruction obligatoire de l’ivoire illégal ainsi qu’une meilleure formation des services de police et des procureurs sont nécessaires pour lutter contre la chasse au trophée et l’abattage de rhinocéros, d’éléphants et d’autres animaux sauvages dans un but lucratif, ont affirmé les députés européens dans une résolution adoptée hier.
« Si nous ne prenons pas de mesures radicales très rapidement pour stopper ces pratiques illégales, plus aucun de ces animaux emblématiques ne vivra à l’état sauvage. Nous devons traiter ces massacres comme des actes de criminalité organisée, tout comme nous le faisons pour le trafic illégal de drogue« , a affirmé le rapporteur néerlandais Gerben-Jan Gerbrandy qui a posé une question orale sur le sujet à la Commission européenne lundi.
La criminalité liée aux espèces sauvage se positionne à la quatrième place des activités illégales les plus importantes au monde, après le trafic de drogue, la contrefaçon et la traite des êtres humains, et génère chaque année au moins 19 milliards de dollars. L’UE représente un marché significatif et une importante plaque tournante pour le commerce illégal de cornes de rhinocéros, de l’ivoire, et d’autres animaux et plantes menacés d’extinction. Elle se trouve donc dans une position privilégiée pour contrôler ce commerce, affirment les députés.
« La corne de rhinocéros est plus onéreuse que la cocaïne et l’or, mais son trafic est facile, le risque de détection est très faible, et les sanctions, si elles sont imposées, ne sont souvent pas dissuasives« , a affirmé le commissaire à l’environnement, Janez Poto?nik, en réponse aux questions des députés lundi. Il a également annoncé que la Commission présentera une communication, lancera une consultation publique le mois prochain, et organisera une conférence sur la question le 10 avril.
Les négociations commerciales comme moyen de pression
Le commerce des produits issus de la criminalité liée aux espèces sauvages étant mondial et la demande de ces produits croissante en Asie du Sud-Est, les députés invitent instamment la Commission à soulever la question lors des négociations avec les partenaires internationaux de l’UE et d’en faire une priorité au moment de l’élaboration de la politique d’aide européenne.
Lundi, le commissaire Poto?nik a affirmé au Parlement que la Commission soulevait systématiquement la question dans les échanges politiques, commerciaux et bilatéraux de l’UE avec des pays clés comme la Chine, le Vietnam, et la Thaïlande. Il s’est engagé à aborder le sujet lors des prochaines négociations avec les États-Unis et l’Union africaine.
Des sanctions plus strictes
Les députés demandent aux États membres de détruire leurs stocks illégaux d’ivoire et d’instaurer des moratoires sur les importations commerciales, les exportations et les ventes nationales de défenses et d’ivoire jusqu’à ce que les populations d’éléphants sauvages ne soient plus menacées par le braconnage.
Ils invitent instamment les pays de l’UE à harmoniser les sanctions très divergentes qu’ils appliquent au commerce, au prélèvement, à la capture ou à la possession de spécimens d’espèces sauvages protégées. Ils leur demandent également de veiller à ce que les personnes qui commettent des infractions liées aux espèces sauvages fassent l’objet de sanctions proportionnelles à la gravité de leurs actes, allant jusqu’à quatre ans d’emprisonnement pour la criminalité organisée liée aux espèces sauvages.
Afin d’améliorer la mise en ?uvre des mesures, les parlementaires demandent une formation adéquate de tous les services répressifs et la nomination de procureurs spécialisés dans la criminalité liée aux espèces sauvages.
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