Le Figaro révèle aujourd’hui que la ministre de la Santé Marisol Touraine a signé en janvier dernier, le remboursement d’une pilule abortive, le Miffee. Or, cette pilule est vivement critiquée par les gynécologues, qui avaient pourtant fait part de leur point de vue à la ministre.
Alors que le débat autour de l’IVG est une nouvelle fois relancé, en France mais également à l’étranger, notamment en Espagne, la ministre de la Santé française vient d’autoriser le remboursement par la sécurité sociale de la pilule abortive Miffee. Mais ici, la polémique vient du fait que les gynécologues se montrent inquiets face à utilisation de ce médicament. En effet, il n’existe selon eux aucune preuve de l’innocuité du produit mais plus inquiétant, cette pilule ne peut être prescrite qu’en association avec un autre médicament, le gemeprost. Or, ce gemeprost n’est plus utilisé en France compte tenu des effets secondaires qui lui sont associés, notamment des douleurs importantes.
Une décision « irresponsable«
Sachant que l’autorisation de mise sur le marché du Miffee prévoyait son association avec le gemeprost et que celle-ci n’est plus possible, le Miffee devra être associé à un autre médicament, sortant alors du carde de son AMM. Les gynécologues s’inquiètent alors et parmi eux le Pr Israel Nisand, chef du pôle de gynécologie-obstétrique au CHU de Strasbourg. Interrogé par le Figaro, il qualifie Marisol Touraine « d’irresponsable« . « S’il venait à y avoir des problèmes de santé avec ce médicament, la ministre sera directement responsable. Et nous ne la ménagerons pas« , ajoute-t-il au quotidien.
« À l’heure où les pouvoirs publics, en particulier à travers des mises en garde de l’Agence du médicament, exercent une pression jamais égalée sur les professionnels de santé pour un strict respect des conditions d’autorisation de mise sur le marché, il paraît inconcevable qu’un rapport émis par une agence gouvernementale (la HAS) soit marqué d’une telle légèreté« , écrivaient six professeurs en gynécologie dans une lettre adressée à la ministre de la Santé.
La perte d’un monopole
Car, la ministre a suivi l’avis de la Haute Autorité de Santé, qui avait proposé le remboursement du Miffee à 65% par la Sécurité sociale. Pourtant, l’Agence nationale du médicament s’était dans un premier temps opposée à la mise sur le marché du médicament. Interrogé par le Figaro, André Ulman, le patron de Linepharma qui commercialise le Miffee s’est violemment défendu: « c’est aux autorités administratives (ANSM, HAS et ministère) de donner des informations sur ce sujet, ce n’est pas à vous de le faire. Depuis 1997, c’est la même société qui a le monopole de la pilule abortive avec le RU 486, je comprends que ce soit difficile pour eux de perdre le monopole« .
Quant à Marisol Touraine, le Figaro explique l’avoir reçue pour une interview le 22 janvier dernier, soit deux jours après qu’elle ait autorisé le remboursement du Miffee, et lorsqu’un journaliste du quotidien lui a demandé si elle comptait autorisé le remboursement du Miffee, elle lui aurait répondu ne pas savoir de quoi il parlait.
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