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Eco-Emballages : « le tri est le premier geste environnemental de France »

Eric-Brac-de-La-Perrière

Eric Brac de La Perrière, directeur général d’Eco-Emballages, l’éco-organisme en charge du dispositif national de tri et de recyclage des emballages ménagers créé il y a 20 ans par les entreprises du secteur. Au lendemain de la publication d’un rapport de la Cour des comptes sur la gestion des déchets ménagers, le directeur d’Eco-Emballages s’explique et répond aux critiques d’Amorce, l’association nationale de collectivités et d’opérateurs.

Avant même d’avoir été officiellement rendu public, le rapport de la Cour des comptes sur Eco-Emballages a provoqué une polémique lancée par l’association Amorce. Que répondez-vous aux collectivités locales qui critiquent vos placements douteux et votre gestion dispendieuse, des questions qui auraient été oubliées par la Cour des comptes ?

Amorce est une association d’élus et d’opérateurs. Leur position est contradictoire par rapport à celle de la Cour des comptes, qui a effectué un travail de fond et très documenté. Le rapport de la Cour des comptes est très positif pour l’ensemble du dispositif. C’est le premier du genre et il valide les options stratégiques du législateur.

En quoi consiste Eco-Emballages ?

Les entreprises sont responsables de la fin de vie des emballages. Elles ont donc mis en place un dispositif avec les collectivités locales sur la base de cette responsabilité élargie du producteur. L’innovation a consisté à fédérer 49 000 grandes entreprises de la consommation, en association avec les collectivités locales. Cette responsabilité consiste notamment à diminuer le poids des emballages, et de trouver un mode opératoire qui crée la plus grande efficience possible. Le partenariat public ? privé a permis de créer avec le tri, le premier geste environnemental de France.

On a très clairement un manque d’efficacité de la collecte dans certaines villes. Je ne dis pas que les collectivités ne font pas leur boulot bien au contraire, mais il existe de grandes différences entre certaines communes. Les bonnes pratiques des uns pourraient être utiles à d’autres.

L’association Amorce s’étonne également que la Cour des comptes ne se soit pas intéressée aux hypothèses de calcul des coûts de la filière, alors qu’ils vous seraient favorables à hauteur de plus de 80 à 300 millions d’euros par an ?

Toutes les règles sont définies dans le cahier des charges de notre agrément. Nous n’avons fait que répondre à ce cahier des charges avec des règles précises mises en place par l’administration française. Nous sommes actuellement à 80% du coût des collectivités locales. Selon Amorce, ces règles ne seraient pas bonnes mais ce n’est pas nous qui les définissons.

Vous évoquez la nécessité d’être plus transparent, vos comptes sont-ils publiés et facilement accessibles ? Quel est votre bilan comptable pour 2013 ?

Tous nos comptes sont publics et absolument transparents. Nous avons fait 650 millions d’euros en 2013. En revanche,  il n’y a pas de résultat mais des provisions pour charges futures. Eco-Emballages ne distribue aucun dividende. C’est la base de la responsabilité élargie du producteur, d’être 100% privé mais aussi 100% d’intérêt général. Aujourd’hui, 95% de notre chiffre d’affaires est reversé aux collectivités locales sur la base d’un barème validé par notre ministère de tutelle.

Si la Cour note les progrès accomplis depuis 20 ans en matière de recyclage, elle constate aussi les limites actuelles de la collecte et du tri, et notamment la difficulté à atteindre l’objectif de recyclage de 75% d’emballages ménagers. Quelles sont vos solutions pour passer de 67 à 75% ?

La compétence des collectivités pour faire les tonnes est entière. Pour atteindre cet objectif il faut un plan de relance du recyclage. Il ne s’agit pas de faire du saupoudrage mais d’être au plus prêt des territoires pour augmenter les tonnes collectées et diminuer le coût à la tonne.

Le citoyen se pose 2 questions : où vont mes déchets et combien ça coûte. Nous souhaitons clairement augmenter le recyclage et proposer plus de transparence des coûts avec les collectivités.

Comment cela peut se traduire concrètement ?

Il s’agit tout d’abord d’agir sur la collecte en ville. On collecte moitié moins en ville que dans les zones pavillonnaires. C’est un point majeur d’augmenter et de massifier cette collecte en ville. Il faut agir sur la communication de proximité. Il faut agir sur les centres de tri qui ne sont pas en capacité de recycler tous les plastiques. Mais il faut également offrir plus de débouchés au recyclage. On collecte parce qu’il y a derrière un recyclage.

L’objectif est de disposer d’une industrie du recyclage plus robuste. Elle manque souvent aujourd’hui de fonds propres, surtout lorsque le prix de la matière première baisse. Nous souhaitons investir pour que cette industrie soit plus solide, pérenne et qu’elle propose plus de débouchés.

Aujourd’hui 88% des déchets collectés sont recyclés localement. Nous avons choisi de développer l’industrie du recyclage en France et nous souhaitons continuer dans cette voie là, ce qui n’est pas le plus facile mais c’est le plus profitable. Il y a 28 000 emplois qui ont été créés dans des entreprises qui développent un vrai savoir-faire.

Quelle est l’actualité d’Eco-Emballages en 2014 ?

D’abord continuer à développer la collecte en ville, pour que toute le monde dispose d’un bac de recyclage. Le geste de tri doit être amélioré en ville, où seulement 1 bouteille en verre sur 2 est recyclée alors que nous souhaitons faire passer ce chiffre à 2 sur 3. Augmenter le taux de recyclage du verre, c’est diminuer les charges des collectivités.

Mais 2014, ce sera aussi peut-être l’année de l’arbitrage de la clause de revoyure. Nous en souhaitons une, qui ne doit pas se traduire par une augmentation des coûts de référence, qui reviendrait à saupoudrer en aidant tout le monde et finalement personne, mais plutôt à élaborer un plan beaucoup plus précis avec les collectivités.

Pour en finir, à quel horizon envisagez-vous d’atteindre ce taux de 75% de recyclage des emballages ?

Nous souhaitons que les acteurs de cette collecte, c’est-à-dire les collectivités, opérateurs et associations puissent développer ce geste de tri notamment en ville, et aient les moyens de réussir.

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