A l’issue d’une consultation compliquée, souvent houleuse, en proie à une opposition locale très mobilisée, la Commission du débat public vient de faire le bilan de cet échange citoyen sur le projet de stockage souterrain des déchets nucléaires à Bure dans la Meuse. La CNDP émet des critiques sur la forme et conseille surtout de retarder un calendrier « beaucoup trop tendu ».
Pour le président de la CNDP, il est urgent? de prendre son temps. Pressentant hier le bilan de cette consultation, Christian Leyrit a évoqué des délais « beaucoup trop serrés ». « On ne peut pas passer directement du laboratoire à l’exploitation industrielle, sans une phase de démonstration en vraie grandeur » a-t-il expliqué. Porteur du projet, l’Andra appréciera.
Calendrier « beaucoup trop tendu »
Une large majorité de personnes et d’experts indépendants ayant participé au débat, ainsi d’ailleurs que l’IRSN, s’accordent pour considérer que « le calendrier de déploiement du projet prévu par la loi de 2006 est beaucoup trop tendu » et que « des preuves supplémentaires doivent être apportées sur la sécurité du projet » estime la CNDP.
Avant de décider de lancer définitivement le Centre industriel de stockage géologique (Cigéo) porté par l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs, la CNDP recommande de passer avant par une étape de stockage pilote grandeur nature, permettant de « garantir la capacité à maîtriser les risques » et notamment ceux liés à l’incendie. « Les délais nécessaires pour établir ces éléments ne semblent pas, selon l’avis de plusieurs experts, compatibles avec la date prévue de mise en exploitation du stockage en 2025 » souligne la CNDP.
Vérité, responsabilité et précaution
Mais au delà de la question des risques, l’autorité administrative indépendante évoque également le problème des coûts de ce projet, regrettant comme la Cour des comptes, « qu’aucune évaluation des coûts » n’ait été disponible avant le débat public. Plus globalement, sans se prononcer de manière définitivement sur le fonds du dossier, la CNDP considère que « la mise en ?uvre du projet Cigéo implique un impératif de vérité, de responsabilité et de précaution ».
S’agissant des débats, la CNDP évoque « l’inquiétude, le sentiment d’être impuissant, méprisé » par les participants, des sentiments « largement perceptibles chez un nombre important de citoyens, qui ont eu le sentiment que les pouvoirs publics n’avaient aucunement tenu compte du débat de 2005-2006 ». L’attribution de marchés par l’Andra, en plein débat public renforce « le sentiment que les opinions exprimées par les citoyens lors du débat sont de peu d’importance ».
L’Andra doit en principe déposer une demande d’autorisation de création du Cigéo en 2015, pour une mise en service en 2025.
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