La transition énergétique en France n’est pas encore une affaire réglée. Loin s’en faut. Repoussé, le projet de loi suscite de nombreuses incertitudes, tandis que les soutiens publics aux énergies renouvelables sont susceptibles d’être remis en cause. Pourtant, cette politique n’est pas cantonnée à un seul objectif écologique, mais s’inscrit dans l’effort de reprise économique, de réindustrialisation et de création d’emplois. L’éolien offshore en est la preuve. Son développement s’effectue en concertation avec les populations locales et contribue au dynamisme régional.
En janvier, François Hollande a fait de la transition énergétique l’une de ses priorités pour l’année 2014. Une initiative saluée à gauche et chez les Verts. En ligne de mire pour le président de la République : la loi sur la transition énergétique. Malheureusement, le plus grand flou entoure toujours ce qui doit être l’un des textes les plus importants du quinquennat. Son élaboration s’effectue dans le mystère. Sa date de présentation en Conseil des ministres a été repoussée à, dans le meilleur des cas, avril, soit après les élections municipales. Et son mode d’examen parlementaire fait l’objet d’importantes tractations à l’Assemblée nationale. La logique voudrait qu’une commission spéciale soit constituée afin d’impliquer les députés des commissions Finances et Développement durable. Or l’Exécutif semble privilégier la saisine seule de la commission des Finances. De quoi sérieusement inquiéter quant à l’ambition réelle du Gouvernement.
Une action politique sans ligne directrice forte
Dès lors, si l’on ajoute à cela l’intense travail de lobbying des opposants au tournant énergétique, matérialisé par la progression du gaz de schiste en Europe ou encore par l’action de Bruxelles à l’encontre des soutiens publics aux énergies renouvelables, le succès de la transition énergétique et écologique n’est en rien garanti. Pourtant, rapports et études se multiplient pour mettre en exergue les perspectives positives en termes de croissance, de « redressement productif » et d’emploi qui pourraient découler de la transition énergétique. De fait, cette filière pourrait être l’un des moteurs de la reprise économique française et créer de nouveaux fleurons industriels. Pour ne pas aborder les gains écologiques évidents que la diversification du mix énergétique et le développement des énergies vertes représentent nécessairement.
Au petit jeu des bons élèves, l’éolien offshore est à citer en exemple. En accélérant la construction des champs d’éoliennes en mer, les pouvoirs publics ne s’y trompent donc pas. Plusieurs parcs éoliens sont ainsi en chantier en France, notamment à Saint-Nazaire et dans la Manche et deux nouveaux doivent être attribués, dont un en Vendée, au large de Noirmoutier et de l’ile d’Yeu. Les plus grandes entreprises énergétiques françaises se sont logiquement portées candidates. D’un côté, la branche Energies nouvelles d’EDF a constitué un consortium avec l’énergéticien allemand WPD et Alstom pour la fourniture d’éoliennes. De l’autre, c’est GDF Suez qui s’est associé à Areva, Neoen Marine et au Portugais Renovaveis.
L’éolien offshore, figure de proue des renouvelables efficaces
Naturellement, le choix de l’équipe gagnante sera basé non seulement sur la maîtrise technologique, mais également sur le savoir-faire et le projet économique et social local, déterminant pour s’assurer du soutien populaire. Dans ce domaine, c’est l’alliance EDF/WPD/Alstom qui semble avoir une longueur d’avance. Du point de vue technique, les trois partenaires ont en effet multiplié les études de terrain, allant jusqu’à investir plusieurs millions d’euros. Les régimes de vent ont été évalués, les fonds marins et compositions rocheuses ont été analysés. D’où le choix d’éoliennes de 6 MW basées sur des fondations gravitaires. Une enquête de terrain qui manque à l’offre chapeautée par GDF Suez, qui n’aura néanmoins pas manqué d’attirer l’attention sur l’innovation qu’ils entendent mettre en place en cas de victoire : une éolienne inédite de 8 MW, qui a notamment été rejetée par l’Allemagne et dont les performances réelles et l’adaptation au contexte de la Vendée sont encore très incertaines.
Quant au projet local, ici aussi la candidature d’EDF, WPD et Alstom apparaît comme la plus sérieuse. Outre la création prévue de 4 000 emplois directs et indirects dans les Pays de la Loire, avec notamment l’établissement d’un centre de supervision à Nantes, le consortium a su gagner l’oreille et l’acceptation du comité régional des pêches, nécessairement préoccupé par l’installation de plusieurs dizaines d’éoliennes géantes. Comme l’indique leur communiqué officiel, paru dans Ouest France, leur préférence pour la candidature franco-allemande est « unanime ». Saluant la présence historique de WPD, qui a mené un long travail de concertation depuis 2007, les pêcheurs ont affirmé que « le respect entre les différents acteurs s’est instauré et, lorsque l’on parle de travailler pour les générations futures, la notion de confiance ne se quantifie pas en termes de promesses mais bien sûr des valeurs et des faits ».
Par cette prise de position sans équivoque, le comité des pêcheurs des Pays de la Loire met le doigt sur le nerf de la guerre. Ce ne sont pas les promesses répétées qui feront de la transition énergétique une réalité. Cette dernière se gagnera de facto, sur le terrain, par le biais de projets maitrisés et construits en concertation et coopération avec la société civile.
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