La France est-elle en train de rater un formidable relai de croissance en interdisant l’exploitation du gaz de schiste ? C’est à cette question que tente de répondre le rapport que vient de rendre public Frédéric Barbier, député socialiste du Doubs et président de la mission d’information parlementaire « sur l’impact économique de l’exploitation des hydrocarbures de roche mère ».
Tout d’abord un constat. Le boom des hydrocarbures de schiste aux Etats-Unis a des répercussions très concrètes sur l’économie américaine qui enregistre un véritable « renouveau économique » qui devrait durer « plusieurs dizaines d’années » selon le rapporteur. Devenu le premier producteur mondial de gaz depuis 2010, les USA bénéficie d’un prix du gaz désormais très bas (-30%), particuliers comme professionnels, favorisant l’économie du pays et en particulier l’activité et la compétitivité des industriels de la pétrochimie.
En Europe « la grande perdante », c’est tout l’inverse. On consomme plus de charbon qui n’est plus brûlé dans les centrales thermiques américaines et moins de gaz. De nombreuses centrales à gaz sont ainsi mises à l’arrêt, représentant une puissance de 51 GW, « l’équivalent de 25 Fessenheim » souligne le député du Doubs.
Et la France dans tout ça ?
Face à ce constat, le rapport évoque la possibilité de jouer sur la fiscalité de la consommation d’électricité et recommande de réformer du dispositif du CO2. Mais les parlementaires restent encore hésitants sur la nécessité de s’engager dans l’exploitation du gaz de schiste même si l’élu socialiste estime qu’ « il ne faut pas s’interdire la recherche ».
Car au-delà de la question polémique de l’impact écologique de cette exploitation, reste à déterminer l’état exact de nos ressources en la matière, un gisement qui reste très virtuel. Considérée il y a encore seulement quelques mois comme un énorme gisement, la Pologne a fortement déçu les compagnies qui y ont stoppé leur forage pour la plupart. En France, pour connaître la réalité de nos ressources, il faudrait forer et donc rompre le consensus actuel du stand by, en se mettant à dos les écologistes.
Mais ce n’est pas tout. Car si le gaz de schiste américain est bon marché, il est fort probable que le gaz de schiste français soit plus cher, en raison d’une production plus complexe en raison de la géographie du pays mais aussi et surtout aux contraintes environnementales qu’elle imposerait.
A quel prix ?
« La question qu’il faut se poser c’est : à quel prix serions-nous capables de l’exploiter ? » estime le rapporteur dans une interview accordé à Metronews. Selon les experts, la baisse du prix du gaz ne serait pas de 30% mais de seulement 5 à 10%. « Ce gain justifie-t-il l’exploitation des gaz de schiste ? » s’interroge Frédéric Barbier. « Est-ce intéressant de le faire si le coût de production du gaz de schiste français n’est qu’un dollar moins cher que le gaz conventionnel acheté en Russie ou en Algérie ? » conclut le rapporteur.
Considérée il y a encore seulement quelques mois comme un énorme gisement, la Pologne a fortement déçu les compagnies qui ont déçu de stopper leur forage pour la plupart.
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