Au moment où la NEF, réhabilitation de l’ancien Tri Postal de la rue Blaise Pascal en plein coeur de la ville de Tours/37, sera officiellement inaugurée le 27 juin prochain, zoom sur l’un des grand projets à énergie positive en gare TGV du Mans: un éco-quartier « unique en France » dont la NEF a servi de programme « référence » nous explique François PILLOT, Président du Conseil de surveillance d’ART PROM, constructeur immobilier en charge des deux projets.
Nouveau quartier d’affaires et d’habitations du Mans qui devrait se déployer à terme sur 80 000 m2,
où en est aujourd’hui cet « éco-quartier » que ses porteurs présentent volontiers comme « unique en France » ?
C’est un projet qui prend la suite du programme de Novaxis qui se développait depuis 1988 sur un terrain contigu. L’hôpital est parti fin 2012, et donc aujourd’hui on a fait une première opération de 3 500 m2: un bâtiment tertiaire pour Pôle emploi et sa direction sarthoise (inauguration en septembre prochain. NDLR ), en fonctionnement depuis le début de cette année. Cette première opération devrait se prolonger par 18 000 m2 de bureaux. Il est vrai qu’avec la conjoncture quelque peu morose qui caractérise le tertiaire, on attend encore pour démarrer… mais on a le permis, et le terrain! Il reste juste que la demande se confirme pour y aller!
Voila donc pour la première phase qui devrait porter sur quelque 22 à 23 000 m2 in fine, le tout dans une hypothèse où on essaie en effet de faire des immeubles à énéergie positive qui fonctionnent en voltaïque et avec géothermique pour la production de chaud et de froid.
Beaucoup de projets d »éco-quartier » voient le jour, souvent portés par des Collectivités. Dans le même temps, certains sont critiqués, voire dénoncés comme manquant de cohérence. En quoi votre démarche est-elle parfaitement intégrée ici ?
Tout d’abord il se situe dans un environnement de très haute desserte avec TGV, TER, Tram, cars, bus, taxis… Autrement dit vous avez ici la totalité des transports à 150 m de la gare. C’est pour nous l’un des critères vitaux d’un éco-quartier. De plus, sa partie Ouest est reliée par l’entrée du périphérique du Mans, ce qui signifie qu’on est là encore très bien desservi en termes de voitures et de cars.
Par ailleurs est prévue au détour d’avril 2015 une ligne de BHNS (Bus à Haut Niveau de Services) qui va encore desservir le côté Ouest de ce terrain. On a donc ici à mes yeux quelques chose d’assez magnifique au regard des différentes dessertes.
A noter aussi que cette zone est parcourue sur sa partie Sud par une très jolie rivière, l’Huisne, qui se jette dans la Sarthe avec une zone non constructible de 16 hectares. On est donc ici bordé par un espace vert de belles dimensions, qui sera desservi par une passerelle que nous aménagerons en direction de ce site, et c’est aussi un atout important pour ce quartier !
Enfin, on a essayé de mixer tous les usages entre une partie tertiaire et une autre de logements (à terme 400 logements NDLR), tout cela en neuf, auxquelles s’ajoute encore une partie ancienne d’à peu prés 14 000 m2, un ancien hôpital classé dans lequel on va apporter tous les services nécessaires à une zone de ce type: crèches, résidences du Béguigage pour personnes âgées, deux logement- foyers pour jeunes et étudiants…
J’ajoute qu’en complément à cet éco-quartier, nous travaillons avec la Ville du Mans pour ne pas voir de
circulation de voitures, d’où un parking souterrain; et nous entendons stopper toute circulation de gros véhicules: nous avons notamment préconisé le ramassage pneumatique des déchets en vue de résoudre ce problème des camions poubelles qui finissent par devenir une nuisance en soi puis qu’avec le tri sélectif les ramassages sont fréquents, « étalés sur différents jours de la semaine…
Alors que le ramassage pneumatique permet de prendre les ordures et de les emmener dans un lieu de collecte
unique d’où ensuite on les fait suivre dans des lieux de traitement adéquats.
Revenons sur les habitations, en quoi ce programme se veut-il là encore exemplaire ?
Justement, sur la base du bâtiment de la NEF à Tours, notre bureau a mis au point un prototype de bâtiment
qui intègre logements et… bureaux. On s’est en effet aperçu qu’avec le double usage dans un bâtiment on arrivait à optimiser toutes les fonctionnalités!
Les bureaux travaillent de 8H à 18 H tandis que les logements sont occupés de 18H à 8H et tous les week-end, alors que
les bureaux sont eux fermés.
Autrement dit, on peut donc utiliser les places de stationnement des bureaux la nuit et les week-end, non ?
L’idée étant aussi de tout partager au niveau des usages, ascenseurs, escaliers, ventilation… – Bref! Toute la « tripaille » d’un immeuble! – en l ‘amortissant sur deux types d’usages au lieu d’un seul. Ça n’est pas rien quand on sait combien l’infrastructure des bureaux coûtent souvent très cher et n’est pas utilisée après 18H. Ici, concrètement, sur 13 000 m2, on a 3 ascenseurs au lieu de 8 ou 9 en général, soit 3 fois moins de contrats et d’électricité mais pour le même service!
A côté de cela les bureaux ont un gros problème: le rafraîchissement, autrement dit réussir à maintenir la
température de travail adéquate. Ce double usage permet ici d’évacuer les calories des uns et de chauffer les logements! Et ça fonctionne très bien pour notre bâtiment de Tours composé de 50% de logements et de 50% de bureaux.
Nous réfléchissons beaucoup sur ce type d’usages et nous arrivons à faire des échanges thermiques intéressants:
les gens produisent des calories dans leur logement qui peuvent être redirigés en double fux vers les bureaux
et réciproquement.
En journée, en effet, quand les bureaux ont occupés, on est tenu par la loi, d’évacuer l’air chaud… mais il est » balancé » dehors en quelque sorte! Donc si on peut le convertir en calories, à plus de 50 Kilowatt-heure par m2 nos bâtiments sont à énergie positive.
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