L’intermittence des énergies renouvelables est l’un des points d’achoppement de la transition énergétique. Les plus réticents prennent prétexte de cette intermittence pour affirmer que les énergies renouvelables ne sont pas encore une solution à prendre pleinement en considération pour alimenter le réseau électrique français. Un argument bientôt caduc, car la technologie des smart grids, dont le compteur Linky constitue le premier jalon, si elle ne résout pas l’intégralité du problème, permet de considérablement optimiser le réseau électrique.
Il est vrai que les énergies renouvelables (éolien, photovoltaïque), sont dépendantes des phénomènes météorologiques (ensoleillement, force du vent) et de fait, leur production est variable. Impossible donc de maîtriser la source de la production, forcément discontinue.
Or ces variations sont indépendantes de la consommation, et malheureusement, l’électricité ne stocke pas, du moins pas en grande quantité. Ce qui rend plus difficile l’équilibre entre offre et demande nécessaire au fonctionnement des réseaux électriques. Par exemple, les périodes hivernales correspondent souvent aux pics de consommation, alors que les jours, écourtés, et donc la diminution de la lumière naturelle ainsi que la couverture nuageuse, limitent la production d’énergie solaire. Le problème est le même concernant l’énergie éolienne, les périodes de grand froid sont rarement propices aux grands vents.
Réseau de transport d’électricité (RTE), la filiale d’EDF responsable des lignes haute et très haute tension, a d’ailleurs récemment émis un message d’alerte face aux risques de pénurie d’électricité pour les prochains hivers du fait de « l’accélération de la fermeture ou mise sous cocon des moyens de production thermiques (fuel, gaz, charbon) », dixit Dominique Maillard. Un risque de déficit de 900 MW pourrait surgir dès l’hiver 2015-2016, avant la brutale aggravation de 2016-2017.
Dans ce contexte, les smart grids constituent une technologie particulièrement valorisée par le Gouvernement, car elle permet de faciliter l’intégration des ENR au système électrique. Les smart grids, terme englobant de nombreux outils propres, doivent optimiser les flux d’énergie et contribuer à l’équilibre de l’offre et de la demande.
C’est notamment parce que ces technologies sont capables de surveiller l’état des réseaux à tout moment grâce à la multiplication de capteurs et de prévenir les dysfonctionnements que les différents paramètres qui influent sur la distribution (défaut, congestion, variation de la tension) peuvent être corrigés.
C’est aussi via des outils de contrôle et de pilotage et des infrastructures de communication et de gestion de données que sont précisément les compteurs intelligents qu’il est possible d’initier une meilleure gestion de la demande et de calquer la consommation sur la production d’électricité renouvelable.
Le compteur intelligent Linky, qu’ERDF a prévu de déployer dans 35 millions de foyers d’ici 2020, doit permettre de faire constamment interagir le consommateur et le réseau. Outre qu’il permet le calcul de factures sur la base de la consommation réelle, il rend possibles des interventions à distance, une réalimentation de l’électricité plus rapide en cas de panne, une meilleure maîtrise des dépenses énergétiques (du fait d’un accès aux informations de consommation).
Le compteur Linky est la première expérimentation concrète que connaît l’histoire des smart grids. Mais ces technologies sont vouées à progresser rapidement du fait de l’urgence climatique à utiliser des énergies décarbonées et de l’assiduité des chercheurs qui continuent à les développer.
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