Au sortir d’une réunion organisée hier soir au ministère de l’Ecologie sur le projet de barrage de Sivens, Ségolène Royal a décidé? de ne rien décider. « L’idée, c’est de ne pas traîner, il faut qu’on puisse être au clair d’ici à la fin de l’année sur les solutions » a affirmé la ministre sans rire, à l’issue d’une rencontre entre partisans et opposants au projet.
« Personne dans notre pays ne pourra, par la violence, interdire la réalisation de travaux et d’équipements qui sont indispensables au développement économique » avait prévenu Ségolène Royal à l’Assemblée nationale, hier après-midi. Cette position de principe martelée, la décision finale reste toujours en suspend, même après la réunion d’hier soir, tant le dossier est délicat.
Décidément, il est urgent de prendre son temps sur ce dossier devenu ultra sensible, depuis la mort du militant écologiste Rémi Fraisse le 25 octobre dernier. Il est vrai qu’après 20 ans d’études, de rapports et d’enquêtes, ce projet n’est plus à quelques mois près. Que compte faire Ségolène Royal ?
« Un ouvrage sera fait »
« Il y aura une solution, un ouvrage sera fait » a assuré la ministre. Mais comme avec l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, le barrage de Sivens déborde désormais très largement la simple question de son intérêt général. Donc pour l’heure, « il faut encore que les choses mûrissent » a précisé Ségolène Royal, appelant dans le même temps à une évacuation du terrain occupé.
« Les solutions, ce serait soit le recalibrage du barrage actuel soit, autre solution, des retenues de substitution plus en aval dans la vallée, cela serait moins dommageable pour l’environnement (…) mais ce serait aussi plus long car il faudrait refaire des études » a expliqué la ministre. Afin d’apporter de nouveaux éléments de décision, 3 experts hydrologue, agronome et en biodiversité seront envoyés sur place dans les prochains jours a annoncé l’élue du Poitou-Charentes.
Concrètement, au-delà d’un abandon pur et simple du projet, trois scénarios sont possibles. Une première solution consisterait à réduire la voilure. Il s’agirait d’abaisser le volume initialement prévu de la retenue (1,5 million de m3), de près de 350.000 m3, c’est-à-dire du niveau de l’excédent estimé par les experts qui ont jugé ce projet de barrage surdimensionné. Conséquence, la digue haute de 1 m de moins serait moins « impactante » sur l’environnement et plus abordable financièrement.
Pourquoi pas 3 ou 4 petites retenues ?
Le deuxième scénario ne toucherait pas directement à l’ouvrage mais proposerait une nouvelle répartition des masses d’eau allouées pour faire passer celles réservées à l’irrigation de 726.000 à 448.000 m3. Le restant de cette eau serait consacrée à améliorer le bilan environnemental du projet.
Enfin, la dernière possibilité, qui pourrait sans doute faire le plus consensus, consisterait à remplacer l’ouvrage d’art prévu par la création de trois ou quatre retenues de 300.000 m3. Si cette solution présente des avantages économiques et environnementaux, sa mise en oeuvre rallongerait encore un peu plus des délais de réalisation déjà très longs.
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