Le 13 décembre 2013, tous les parisiens se sont transformés en fumeurs passifs, le temps d’un énième pic de pollution. A 18 heures, le ciel était chargé de 6 millions de particules très fines par litre d’air, 30 fois plus que la normale, une situation loin d’être exceptionnelle dans la capitale malheureusement.
Des mesures alarmantes, effectuées par le ballon Generali d’Airparif, installé au-dessus du parc André-Citroën, dans le 15e arrondissement, ont été rendues public hier. Jusqu’à présent absentes des écrans radar, les particules ultra-fines sont désormais mesurées dans le ciel parisien, et le constat est inquiétant. Lors des pics de pollution, circuler dans Paris équivaut à se retrouver dans une pièce de 20m2 avec 8 fumeurs à ses côtes, un tabagisme passif et massif.
La qualité de l’air était mesurée jusqu’à présent par les seules stations au sol de l’observatoire francilien Airparif. Installées près des axes de circulation de la capitale, ces stations mesurent les concentrations de particules du type PM 10 et PM 2,5, c’est-à-dire de diamètres inférieurs à 10 et 2,5 µm. Fixé dans le 15e au-dessus du parc André-Citroën, le ballon de Paris détecte depuis un an les particules ultra-fines, le LOAC (Light, Optical, Aerosol Counter) étant capable de détecter les particules inférieures à 1 micromètre (0,001 millimètre).
100 000 particules à chaque respiration
Encore mieux, cet instrument de mesure peut caractériser « l’empreinte » de la pollution, en déterminant notamment si elle est carbonée, due à des combustions fossiles, ou d’origine naturelle. Une véritable avancée au regard de la dangerosité de ces nanoparticules présentes massivement dans l’air. Les Parisiens inhaleraient chaque jour 100 000 particules à chaque respiration.
Fines ou ultra-fines, les particules sont classées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) comme cancérogènes, favorisant la survenue de maladies cardiovasculaires et de l’asthme. Pas encore prises en comptes par les normes européennes, ces micro-particules ont également un impact sur les naissances et exposent les femmes enceintes à un risque accru de mettre au monde des enfants de faible poids.
Dans le monde, plus de 2 millions de personnes décèderaient chaque année en raison de l’inhalation de particules fines dans l’air intérieur et extérieur. En France, on estime que cette pollution serait responsable de 42 000 décès prématurés, dont 1 400 à Paris selon les derniers chiffres de l’Agence européenne de l’environnement sur près de 400 000 décès en Europe.
La situation s’améliore néanmoins
Si la pollution urbaine est un problème de santé publique, la situation s’améliore néanmoins à Paris notamment. Car si l’air parisien reste encore vicié, la concentration de particules a plutôt tendance à baisser, grâce notamment aux normes européennes qui ont contraint les constructeurs à commercialiser des véhicules diesel de plus en plus propres. Ainsi depuis septembre 2014, les nouveaux véhicules diesel ne rejettent plus en principe aucune particule. Une lueur d’espoir dans un nuage de particules.
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