La petite ville de Shannon a subi durant des années une contamination de ses nappes phréatiques par une base militaire installée à proximité. Après un jugement favorable, mais jugé trop limité par les citoyens, la Cour Supérieur de Québec vient d’accepter de nouvelles preuves mettant en évidence un préjudice plus large.
Shannon est une petite commune d’un peu plus de 5 000 habitants, située dans l’air urbaine de Québec. Une base militaire aérienne, Valcartier, est installée à proximité de Shannon. Du trichloréthylène (TCE) a été utilisé pendant des années sur cette base pour nettoyer les équipements militaire : le TCE a des propriétés cancérigènes, il est avéré qu’il a contaminé une partie des sols et des nappes phréatiques de Shannon. La municipalité a d’ailleurs décidé en 2010 de raccorder les résidents à d’autres sources d’eau potable.
Les citoyens de la ville se battent depuis plus de 15 ans pour que le gouvernement fédéral canadien reconnaisse que le TCE a provoqué un taux de cancer plus élevé à Shannon que dans le reste du pays. Un premier jugement a eu lieu en juin 2012, reconnaissant la contamination et proposant une indemnisation de 1 000 $ canadien par mois pour 300 résidents vivants dans le « triangle rouge » de la présence de TCE dans les sols.
Mais cette proposition est jugée insuffisante par les citoyens de Shannon, qui estiment que la majorité de la population, soit près 3 000 habitants, a été exposée au produit cancérigène et devrait être dédommagée. Ils veulent en conséquence porter ce jugement en appel.
Nouveaux rapports d’experts indépendants
Dans ce but, une étape décisive a peut-être été franchie le mardi 10 janvier, quand la Cour Supérieure du Québec a autorisé le Regroupement des Citoyens de Shannon à déposer trois nouveaux rapports sur la contamination.
Dans l’un d’eux, l’oncologue Pierre Band conclut que la Direction de la Santé Publique a commis une « erreur grave » en étudiant, pour le premier procès, les risques de cancer sur l’ensemble de la municipalité, plutôt que se concentrer sur les secteurs exposées au TCE, ceux où vivent les 3 000 habitants demandant l’indemnisation.
Le rapport du toxicologue Claude Tremblay montre d’ailleurs que les risques de développer un cancer sont 3,5 fois plus élevées que la norme nationale dans ces secteurs exposés au TCE.
Ces rapports ont été reconnus comme de nouvelles preuves, qui pourraient, après examen, porter le jugement de 2012 en appel. La porte-parole des citoyens de Shannon, Marie-Paule Spieser, a souligné, en sortant de la salle d’audience : «Nous continuons de travailler pour que le maximum de résidents de Shannon soient défendus et dédommagés. Le temps presse parce qu’il y a des gens qui sont malades et d’autres qui meurent pendant que les procédures s’éternisent. »
La route est encore longue, comme dans la majorité des affaires de ce type, mais l’on peut espérer qu’une fois encore la pugnacité de ce mouvement citoyen finisse par lui donner gain de cause.
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