Une exposition, présentée en ce moment à Paris, expose la modernité du projet urbain haussmannien, qui répond parfaitement aux exigences actuelles des villes très densément peuplées.
Paris est la ville la plus dense d’Europe, et la cinquième plus dense au monde, avec 20 000 habitants au kilomètre carré. Mais cette densité est ressentie de manière positive par la majorité de ses habitants : c’est l’héritage du projet haussmannien, qu’interroge une exposition, « Paris Haussmann, modèle de ville », présentée jusqu’au 7 mai au Pavillon de l’Arsenal à Paris.
Ses deux commissaires, l’urbaniste Umberto Napolitano et l’ingénieur Franck Boutté, expliquent que l’idée de cette exposition leur est venue en exerçant leurs métiers : « Tous les jours, on nous pose la question de la densité et de la durabilité de la ville. Or, le modèle haussmannien, projet qui a perduré au-delà même du mandat du préfet, a franchi les étapes du temps : 60 % du tissu parisien a été construit entre 1850 et 1914 ! »
Un réseau de cour et de courette
Et si ce modèle a si admirablement traversé les époques, c’est qu’il est parfaitement adapté aux exigences des mégalopoles d’aujourd’hui, et fait de Paris l’une des villes très densément peuplée la plus agréable à vivre au quotidien.
Ce qui rend cette densité acceptable, c’est l’îlot haussmannien. Sa première originalité est une gestion des vides et des pleins qui tourne le dos aux modèles contemporains, qui ont tendance à situer les zones « vides » autour des bâtiments : dans l’îlot haussmannien, les vides sont des cours et des courettes, entourés par les bâtiments.
Des bâtiments étroits et agréables à vivre
Cela fait de cet îlot un agrégat d’immeubles mitoyens, étroits et peu profonds. Les immeubles haussmanniens ont une épaisseur entre 7 et 13 mètres, quand les bâtiments contemporains dépassent systématiquement les 10 mètres, pour aller jusqu’à 20 mètres. « L’étroitesse des plans favorise une double ou triple orientation des logements. Et permet ainsi un accès important à la ventilation et à la lumière naturelles, explique Umberto Napolitano. La hauteur sous plafond, de 3 mètres au minimum, accroît cette pénétration de la lumière ».
Une unité qui n’empêche pas la flexibilité
Ces immeubles ont également été construits à partir des mêmes règles de dimension, avec les mêmes matériaux, donnant à la ville une unité. Le respect de ces règles n’empêche pas pour autant la flexibilité : des appartements ont vu leur taille réduite pour augmenter le nombre de logements ou d’habitants, des étages ont changé d’affectation, bureaux devenant bureaux, et vice-versa.
Cela a permis à ce modèle de durer, et de rester, aujourd’hui, pertinent, par l’équilibre entre mobilité de longues et courtes distance, entre densité et viabilité, entre homogénéité et diversité : enjeux fondamentaux de la mégalopole contemporaine, pour laquelle ce modèle peut servir d’inspiration.
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