Les fosses marines, que l’on pensait être l’un des derniers espaces « vierges » de notre planète, sont elle aussi frappées par la pollution : le niveau de toxicité dépasse celui des rivières les plus polluées
Une nouvelle étude particulièrement inquiétante vient d’être publiée, qui concerne les fosses océaniques : des chercheurs de l’université d’Aberdeen ont sondé deux des plus profondes (plus de 10 000 mètres de fond), celles des Marianne, dans le Pacifique Nord-ouest, et celles des Kermadec, dans le Pacifique Sur-Ouest.
Les chercheurs ont fait descendre, jusqu’au fond de ces fosses, un robot sous-marin : il leur a permis de prélever des amphipodes, des petits crustacés de l’ordre du centimètres, qui se nourrissent de tous les détritus de leur environnement – et sont, de ce fait, des marqueurs fiables de la pollution d’un espace aquatique.
Une concentration de polluants organiques persistants terriblement élevée
Les polluants organiques persistants (POP) sont des particules qui ne peuvent se dégrader naturellement, qui restent présentes dans le sol, l’air et l’eau, et s’accumulent dans les tissus des être vivants qui les inhalent ou les ingèrent, avec des conséquences qui peuvent être dramatiques. Les chercheurs ont analysé la présence de ces POP dans les amphipodes prélevés.
Et le résultat est effrayant : « Le haut niveau de contamination observé dans la fosse des Mariannes est 50 fois plus élevé que celui des crabes vivant dans les rizières de la rivière Liaohe, l’une des plus polluées de Chine. Dans le Pacifique nord-ouest, le seul endroit ayant des valeurs comparables est la baie de Suruga, au Japon, un site très industrialisé qui a fait un usage massif de produits chimiques organochlorés », notent les chercheurs dans leur étude.
La pollution d’origine humaine atteint toute la planète
Il est probable que ces déchets aient été amené à 10 000 mètres de fond, à des centaines de kilomètres de leurs lieux de production, par les courants atmosphériques et océaniques, ainsi que par les milliards de déchets plastiques qui dérivent sur l’océan.
Il reste aux chercheurs à analyser les effets de cette pollution sur les écosystèmes des grands fonds marins. Mais cette étude est une preuve éclatante que l’activité humaine est pathogène pour l’ensemble de la planète, jusqu’à des espaces où l’homme est incapable de s’aventurer.
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