L’Institut National du Sommeil et de la Vigilance (INSV) vient de publier son étude annuelle sur le sommeil des Français, qui ne cesse de se détériorer. Tous les pays industrialisés souffrent d’une diminution constante de la quantité et de la qualité du sommeil.
Les résultats bruts de l’étude sont sans appel : aujourd’hui 16 % des Français souffrent d’insomnie chronique, 73 % se réveillent au moins une fois par nuit et 28 % ressentent une somnolence en journée. Les nouveaux modes de vie et de travail expliquent largement ces évolutions : « Lorsqu’ils ne respectent plus l’alternance vitale éveil/jour, sommeil/nuit, les rythmes et organisations de travail perturbent complètement notre sommeil avec un coût social et de santé considérable » déplore Joëlle Adrien, neurobiologiste et présidente de l’INSV.
En effet, les maladies que provoquent ou aggravent les troubles du sommeil sont nombreuses, en premiers lieux les fléaux de notre temps, maladies cardio-vasculaires, surpoids, diabètes, et même certains cancers – notamment celui du sein. Bien dormir est bon pour la santé : l’adage peut sembler naïf, mais il n’a jamais été aussi vrai dans notre société.
En première ligne : les travailleurs de nuit et en horaires décalés
Les plus touchés sont deux catégories professionnelles en constante augmentation, les travailleurs en horaires décalés (ceux dont les horaires de travail changent d’un jour ou d’une semaine à l’autre) et les travailleurs de nuit. Ils représentent 20 % environ des salariés, soit 6 millions de personnes en France, et dorment en moyenne une à deux heures de moins par 24 heures que les autres. Cela représente l’équivalent d’une nuit de sommeil par semaine, et 30 à 40 nuits par an.
D’autres réalités contemporaines tendent à détériorer le sommeil, comme le télétravail, qui brouille les rythmes de vie, la généralisation du travail sur écrans informatiques, qui provoque une fatigue visuelle importante et stimule notre vigilance comme le ferait du café, et le développement de l’hyper-connectivité.
Les risques des ordinateurs et de l’hyper-connectivité
Une statistique éclaire ce dernier état de fait : 40% des 18-35 ans dorment avec leur téléphone allumé et 12% répondent à des e-mails ou SMS au milieu de la nuit. Avec des conséquences, directes ou indirectes, sur le sommeil. « Pour dormir il faut le vide et le silence » rappelle Joëlle Adrien. Deux éléments qui tendent à devenir un luxe dans nos sociétés.
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