La décision d’Angela Merkel de renoncer au nucléaire au lendemain de l’accident de Fukushima (Japon) s’est depuis ce jour accompagnée d’une polémique concernant le recours au charbon. Moins de nucléaire signifierait plus de charbon et donc des émissions de gaz à effet de serre en hausse. C’était sans compter sur le développement rapide des énergies vertes et en particulier de l’éolien.
L’utilisation du charbon stagne en Allemagne
L’Allemagne serait-il l’exemple à suivre pour les pays européens dont la France ? La question se pose depuis que la chancelière Angela Merkel a pris la lourde décision, en 2011, de s’éloigner de l’atome. L’accident survenu à Fukushima a traumatisé outre-Rhin et il a été décidé de sortir complètement du nucléaire à l’horizon 2022. Les écologistes allemands et de tous les pays ont salué ce virage et ont appelé les autres Etats qui ont recours à l’atome à prendre le même tournant. Mais l’objectif de recourir à des énergies plus sûres a également été source de craintes en matière environnementale.
En effet, la fin du nucléaire en l’espace d’une dizaine d’années est un objectif ambitieux d’autant plus que l’énergie électrique fournie provenait pour 27 % des centrales atomiques en 2010. Un remplacement aussi rapide a laissé craindre une utilisation plus massive encore du charbon. L’Allemagne avait alors pour caractéristique de produire 40 % de son électricité grâce au charbon. Une ressource présente en abondance dans le pays et facilement exploitée depuis plus d’un siècle. Autant dire que les craintes de voir un pic d’utilisation de cette énergie fossile entraînant une envolée des émissions de gaz à effet de serre a alerté plus d’un citoyen. Pourtant, le mix énergétique allemand n’a pas évolué en faveur du charbon malgré la baisse constatée du nucléaire. Les énergies vertes et en premier lieu l’éolien ont su s’imposer comme une alternative crédible et relativement peu coûteuse à tel point que les derniers appels d’offres lancés dans l’éolien offshore ont trouvé preneurs sans que l’Etat ne s’engage à verser de subventions.
L’éolien gagne du terrain en Allemagne
Entre 2011 et 2016, la part du charbon dans le mix énergétique allemand est passée de 40 % à 41 %. Dans le même temps, le nucléaire a été divisé par deux fléchissant de 27 % à 13 %. Il n’y a pas eu de bascule entre ces deux sources d’énergie, car l’éolien et autres énergies vertes se sont payés la part du lion. En 2016, 29,5 % de l’électricité a été produite grâce aux énergies renouvelables contre seulement 16,5 % en 2010. Le saut est remarquable car réalisé dans des délais très brefs. Le charbon reste encore incontournable, mais la séquence en marche depuis 2011 montre qu’il est possible d’écarter une énergie au profit d’une autre plus propre et pas forcément plus chère.
En effet, si l’éolien a tiré son épingle du jeu malgré les sombres prédictions relatives au charbon, c’est en raison de prix devenus concurrentiels pour les entreprises exploitantes. L’Allemagne est le troisième pays au niveau mondial en termes d’implantation de nouvelles éoliennes (+3,6 GW en 2016). Seuls les géants chinois et américains parviennent à supplanter le leader européen grâce à leur territoire bien plus vaste et des conditions climatiques favorables. Les énergéticiens étrangers savent que leur développement passe par les énergies vertes en Allemagne. Cela explique en partie l’intérêt d’EDF Energies Nouvelles pour Futuren (appelé Théolia jusqu’en 2015) et son rachat effectif le jeudi 11 mai 2017 pour 320 millions d’euros sous réserve d’une approbation de l’Autorité de la concurrence allemande. Le danois Dong Energy est également sur les rangs pour s’inscrire durablement dans le paysage énergétique allemand via le développement de l’éolien offshore.
Mi-avril 2017 Dong Energy a gagné un appel d’offres lancé par le gouvernement allemand afin de développer 480 MW d’éolien offshore. Un appel d’offres exceptionnel, car aucune subvention de l’Etat allemand n’est prévue dans ce deal unique à l’échelle planétaire. Le marché commence à être indépendant comme l’illustre également le succès de l’allemand EnBW qui a obtenu le même jour l’immense champ de He Dreiht d’une capacité de 900 MW sans aucune subvention à la clé.
Cette avancée significative de l’éolien s’explique par la baisse des coûts pour les exploitants et l’amélioration des performances des turbines. Dong prévoit des turbines de 13 MW ou de 15 MW et les conditions plutôt avantageuses (la vitesse moyenne du vent est de 10 mètres par seconde) où seront implantés les parcs, rendent les subventions étatiques superflues. L’Allemagne, forte de cette évolution positive, envisage déjà d’organiser de nouveaux appels d’offres dans les mois à venir pour une capacité totale supérieure à 3 GW. L’éolien vole au secours de la transition énergétique et s’apprête à changer le mix allemand – et de bien d’autres pays – en profondeur.
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