Comment transformer une des plus grandes erreurs d’urbanisme des Pays-Bas en un quartier dynamique et vivant ? La plate-forme d’urbanisme collaboratif ZO ! City est en train de réaliser ce tour de force.

Dans les années 1960, un nouveau quartier a été bâti au sud-est d’Amsterdam, sur des principes d’urbanisme  aux conséquences catastrophiques ; le quartier a été scindé en deux par une voie ferrée : à l’est a été construit une zone d’habitation à loyers modérés qui est devenu un ghetto de ressortissants du Suriname, arrivés après l’indépendance de cette ancienne colonie néerlandaise en 1975 ; à l’ouest les architectes ont édifié un quartier de 250 hectares composé uniquement de bureaux, Amstel 3.

Un quartier sans âme qui devient un quartier fantôme

Dans ce quartier où travaillent aujourd’hui 26 000 personnes, aucune animation n’a été prévue, aucun résident, donc aucun commerce, aucune école, aucune vie autre que celles des bureaux. Pour parachever cette erreur d’urbanisme, la crise de 2008 a vidé 30% de ces bureaux, un des taux les plus élevés des Pays-Bas, faisant d’Amstel un quartier non seulement sans âme mais en partie fantôme.

C’est à ce moment que l’architecte Saskia Beer, qui venait elle aussi de perdre son emploi, s’est penché sur le quartier : « Amstel 3 constituait pour moi un défi urbain intéressant à relever, dit-elle. Beaucoup d’espaces vacants, et donc des opportunités pour en faire quelque chose. Mais personne pour les réaliser ».

Un défi urbain à relever

Elle commence alors à collecter un maximum d’information sur les locaux vacants, tout en mobilisant riverains, employés et associations pour s’associer à son projet. Elle trouve de nombreux soutiens, et décide finalement de développer une plate-forme participative pour que l’épanouissement de son projet ne dépende plus d’elle.

Née en 2016, soutenu par la municipalité et le gouvernement, ZO ! City a deux vocations. La première est de rendre public toutes les données sur les locaux vacants ; la seconde de proposer toutes les idées possibles pour faire revivre ce quartier, qu’elles émanent de personnes liées à Amstel 3 ou d’autres citoyens.

Une foisonnement de projets, soutenus par la municipalité, qui en réalise certains

Chacun peut ainsi proposer un projet, le localiser et l’expliquer, puis rentrer en contact avec la municipalité ou demander un financement participatif.

La municipalité d’Amsterdam joue le jeu, et plusieurs projets sont en cours de réalisation, comme la création d’un parc le long de la voie ferrée, imaginé par les habitants, le réaménagement de la principale avenue d’Amstel 3 pour y installer des arbres et des bancs, ou l’ouverture d’un bar et, bientôt, d’une discothèque. De plus les premiers résidents vont s’installer à la fin de l’année, suite à la création de 1 500 logements sur le site.

Le quartier commence à revivre, et les perspectives d’avenir sont plus qu’encourageantes. De quoi voir, pour Saskia Beer, son projet comme « l’urbanisme du futur » : des discussions sont en cours pour adapter ZO ! City à d’autres villes néerlandaises et peut-être aussi à Sydney.