Mal accueillis, voire combattus par une minorité de Français, les compteurs communicants, comme Linky, ont pourtant largement fait leurs preuves chez nos voisins européens. Et pour cause : ils garantissent une meilleure efficacité énergétique, facteur incontournable de la transition énergétique et de la lutte contre le réchauffement climatique.
Suède, Finlande, Norvège, Danemark, Grande-Bretagne, Italie… Les pays européens ont largement dit oui aux compteurs communicants et certains, comme la Suède et l’Italie, depuis plus de 5 ans. Pour sa part, la France a franchi le pas fin 2015. Il aura fallu attendre le passage de la Loi sur la transition énergétique le 17 août de la même année pour valider le déploiement des nouveaux appareils de mesure de la consommation électrique. En dépit de ses objectifs qui sont pour le moins louables, une infime partie de la population française (moins d’1 %) proteste contre le déploiement des compteurs Linky.
Une efficacité prouvée
Pourtant, les bienfaits des compteurs communicants sont réels : une étude du ministère britannique de l’Economie, de l’Energie et de la Stratégie industrielle, publiée en août 2016, affirme que « les consommateurs bénéficiant d’un compteur communicant peuvent s’attendre à une réduction de leur consommation énergétique, résultant d’une meilleure information sur les coûts et usages de l’énergie » et « qu’il existe des preuves significatives démontrant que le retour des consommateurs équipés de compteurs intelligents mène à une réduction de la demande en énergie ». Une étude suédoise, elle aussi publiée en 2016, arrive aux mêmes conclusions et affirme que « les compteurs communicants vont permettre aux usagers d’avoir un meilleur contrôle sur leur consommation ».
En France, Linky affiche un objectif clair : favoriser la transition énergétique. Pour ce faire, le compteur permet une meilleure intégration des énergies renouvelables dans le réseau et encourage l’autoconsommation en rendant possible l’injection gratuite de l’énergie produite par les équipements privés (ex : panneaux photovoltaïques) au réseau électrique.
Mais surtout, en permettant aux usagers de suivre leur consommation au jour le jour, Linky et les compteurs communicants en règle générale entendent agir sur les comportements des consommateurs, et donc sur la demande, pour améliorer le rendement énergétique des habitations. C’est ce qu’explique Claire Maugham, directrice de la politique et de la communication à Smart Energy GB, qui pilote le déploiement des compteurs communicants outre-Manche.
Adapter la demande plutôt que l’offre
« Pour le moment, notre système repose sur des sources d’énergie qui peuvent être facilement allumées pour satisfaire le pic de demandes. Mais comme nous ne pouvons allumer et éteindre le soleil ou le vent quand nous en avons besoin, nous devons compter sur une puissance riche en carbone comme soutien constant. Si nous pouvions trouver des moyens de lisser les pics et les chutes en demande d’énergie plutôt que d’y répondre, […] de mieux gérer la demande, nous pouvons faire un meilleur usage des sources d’énergie renouvelables disponibles. »
Ainsi, une des applications avancées par Claire Maugham serait d’utiliser certains appareils énergivores comme la machine à laver ou le lave-vaisselle à des moments où la demande en énergie et son prix sont les plus bas. Ces « tarifs réactifs au moment d’utilisation » (« responsive time-of-use tariffs ») permettraient même de programmer l’allumage, l’extinction ou la mise sur batterie de certains appareils ménagers afin de gérer plus intelligemment l’énergie.
Et tandis que les anti-Linky accusent Enedis de vouloir surveiller leur vie privée, augmenter leurs factures d’électricité et propager des ondes électromagnétiques nocives ‒ autant de rumeurs démenties par l’ensemble des études scientifiques et enquêtes de consommateurs ‒, aucun des pays ayant adopté les compteurs communicants n’a constaté de tels désagréments.
Par ailleurs, si certains doutent encore du rôle des compteurs communicants dans le l’essor des énergies renouvelables (EnR), les exemples ne manquent pas : en Norvège, une des premières nations à avoir adopté cette technologie, 98 % de la production électrique est d’origine verte et en Suède, l’installation des « smart meters » fait partie intégrante de la politique nationale pour atteindre 50 % d’INR dans le mix énergétique d’ici 2020.
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