La France passe la seconde avec les voitures électriques

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Après quelques années en demi-teinte, le décollage du marché de la voiture électrique est enfin une réalité. Bénéficiant d’une dynamique mondiale sans précédent, le potentiel des voitures électriques en France est considérable. Analyse.

En France, le secteur des transports est à la fois très gourmand en énergie et très émetteur de gaz à effet de serre. Il représente en effet 35 % des émissions de CO2 et 32% de la consommation d’énergie finale du pays (Ministère de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie – Service de l’observation et des statistiques, Chiffres clés du climat 2016). Cette emprunte énergétique importante a des conséquences néfastes, à la fois sur l’environnement, l’économie, la santé publique et la qualité de vie. Aussi, des efforts ont été déployés afin de renforcer le développement de modes de transports alternatifs, avec en tête, la voiture électrique.

L’enjeu est colossal et multiforme : faire baisser la part du pétrole importé dans les transports routiers permet en effet de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) dans le pays – une mesure bienvenue dans le cadre de la lutte contre le changement climatique. Mais ces gaz affectent également la santé humaine de manière significative. Aussi, la transition énergétique du secteur des transports est aussi un enjeu majeur de santé publique. Les moteurs électriques sont à la fois moins polluants et plus silencieux que les modèles « à explosion », et ils contribuent en outre à améliorer la qualité de l’air et réduire les nuisances sonores en ville.

Enfin, le développement d’alternatives aux énergies fossiles (limitées en quantité, et par conséquent plus chères) tend à réduire la facture énergétique du pays. Aujourd’hui en France, plus de 90% des carburants utilisés pour le transport sont issus du pétrole. De fait, la facture énergétique de la France s’élevait en 2013 à 66 milliards d’euros, dont 52 milliards pour le pétrole. Aussi le coût majoritaire pour un véhicule thermique est son usage. A contrario, pour un véhicule électrique, la principale dépense est la construction. Aussi, le véhicule électrique sera rentable aux horizons 2020 et 2030 d’après une étude prospective du Commissariat Général au Développement Durable.

Un marché embryonnaire, et pourtant déjà très concurrentiel

Une perspective qui rend le marché de l’électrique particulièrement attractif : il atteignait 600 M€ dans le monde en 2016, et va être amené à se décupler dans les 10 ans à venir – selon les estimations basses. En France, 22 000 voitures électriques ont été immatriculées, soit un bond de 26 % par rapport à l’année précédente. Le seuil des 100 000 véhicules 100 % électriques a même été dépassé en mars 2017. Et chacun veut sa part du gâteau : Tesla a livré vendredi 28 juillet 2017 les premiers exemplaires de sa nouvelle Model 3 afin de concurrencer Nissan, qui caracole toujours en tête avec la Leaf, le modèle le plus vendu à l’heure actuelle.

Le tout-électrique a des beaux jours devant lui : Tesla estime que la Model 3 devrait lui permettre de remplir son objectif de 500.000 voitures vendues en 2018 – il vise le million d’ici 2020. General Motors qui convoite lui aussi ce marché croissant, a lancé la Bolt, jumelle de l’Opel Ampera-E vendue en Europe. Si les voitures 100 % électriques dominent actuellement le marché des voitures dites « propres », une autre catégorie émerge : le segment du véhicule hybride rechargeable. En France, le 1er semestre s’est achevé sur un nouveau record mensuel de ventes : 1 215 nouvelles immatriculations, soit un bond de +139% par rapport à 2016.

Vers la fin du diesel en Europe

Parmi les innovations qui vont encore renforcer ce dynamisme, celles de l’autonomie des véhicules électriques. Le constructeur japonais Nissan et l’électricien italien Enel explorent ensemble des techniques pour augmenter la puissance maximale de recharge de leurs voitures – en effet, un voltage trop élevé, s’il accélère considérablement la recharge risque d’endommager la batterie. Coup médiatique, Christine Lampe-Önnerud, responsable de la société Cadenza Innovations, a récemment confié à Business Insider Nordic : « si nos batteries étaient utilisées dans un véhicule Tesla, elles augmenteraient son autonomie de 70 % ». Affaire à suivre.

EDF se penche aussi sur le sujet. En assurant, via sa filiale Citelum, le déploiement de bornes de recharge sur la voirie de grandes villes françaises, le fournisseur ouvre le champ aux propriétaires de véhicules électriques qui n’ont pas la possibilité d’en installer à leur domicile. L’utilisation du numérique facilite le recours à la motorisation électrique. L’outil de télégestion Muse® permet un guidage en temps réel vers les bornes disponibles, un suivi et gestion à distance de la charge, mais aussi un contrôle des pannes plus rapide et une maintenance facilitée des bornes. EDF propose actuellement trois types de bornes de recharge : normale (6 à 8h), accélérée (1 à 3h) ou rapide (<30 minutes)

Ces efforts sont accompagnés par une réelle volonté politique, à l’image de l’engagement pris par le ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, pour un parc « tout électrique » en 2040. Concrètement, à cette date, la vente de tout véhicule, essence ou diesel, sera interdite en France. De même, l’Europe qui avait fait le choix du diesel – pour réaliser des économies principalement – est en train de lui tourner le dos – pour des raisons environnementales et de santé publique. En effet, le gazole produit quatre fois plus de dioxyde de nitrogène (NO2) et 22 fois plus de particules fines que l’essence. Paris en a pris acte, et a annoncé un plan visant à interdire les voitures diesel d’ici à 2025. Madrid, Athènes et Mexico devraient suivre.

Par Nicolas Bressant

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