Avec un retard significatif sur les autres pays européens, la France a inauguré vendredi sa première éolienne en mer. Assemblée au port de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) elle sera ensuite mise en service au large du Croisic d’ici début 2018. Ce projet suivra une phase de tests de deux ans en vue d’un déploiement sur quatre fermes en Bretagne et en Méditerranée.
La France qui dispose pourtant d’un espace océanique de plus de 11 millions de kilomètres carrés placés sous sa juridiction en métropole et dans les outre-mer, subissait jusqu’alors un retard conséquent dans l’éolien offshore. Fin 2016, la capacité installée en Europe atteignait 12,6 gigawatts (GW), pour l’essentiel au Royaume-Uni et en Allemagne. Avec Floatgen, la France se jette à la mer et souhaite largement déployer l’éolien flottant sur son territoire.
Un secteur qui a le vent en poupe
Quatre projets de parcs pilotes ont d’ores et déjà été retenus et seront portés par EDF Energies nouvelles, Engie, Eolfi et Quadran : au large de l’île de Groix (Morbihan), de Gruissan et Leucate (Aude) et de Faraman (Bouches-du-Rhône). Chacun composé de trois ou quatre turbines, ils afficheront une puissance de 24 MW.
Mais leur construction se heurte aux recours systématiques des associations anti-éolien, ainsi que des riverains, si bien que les premières turbines ne fonctionneront pas, dans le meilleur des cas, avant 2020.
« Nos procédures sont trop longues, nos règles trop opaques », a admis Sébastien Lecornu, secrétaire d’État auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire, qui a appelé à une « simplification » et à une « meilleure concertation en amont ».
Si cette filière doit encore faire chuter ses coûts pour devenir compétitive, des fermes de taille commerciale pourraient voir le jour « à l’horizon 2022 ou 2023 », pense le PDG d’Ideol, qui évalue le potentiel national à « 6 GW d’ici à 2030, moitié en Méditerranée et moitié en Bretagne ». Avec de belles perspectives à l’exportation.
« La France est dans la course, assure le président du Syndicat des énergies renouvelables, Jean-Louis Bal, président du syndicat des énergies renouvelables. Elle a tous les atouts pour mettre en place une vraie filière industrielle ».
Les avantages de l’éolien flottant
« L’éolien flottant est l’avenir de l’éolien en mer », affirme Paul de la Guérivière, fondateur et PDG de la société Ideol. Cette start-up créée en 2010 à La Ciotat (Bouches-du-Rhône), coordonne le projet Floatgen, auquel sont associés Bouygues Travaux publics et l’Ecole centrale de Nantes.
Ce projet de 25 millions d’euros est également porté par un consortium de sept partenaires européens, dont l’Union européenne (10 millions d’Euros) et l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (5,7 millions d’Euros).
Cette première éolienne offshore, équipée d’une turbine de deux mégawatts et de pales d’un diamètre de 80 mètres, est de taille modeste par rapport à celles qui lui succéderont. Elle sera reliée au continent par un câble qui injectera l’électricité produite sur le réseau. L’éolien flottant est une technologie encore émergente, puisqu’il n’existe aujourd’hui que six démonstrateurs à travers le monde, notamment au Japon, contre plus de 3 600 éoliennes dites « posées » (classiques).
A la différence de ces éoliennes classiques, l’éolien flottant est équipé d’un flotteur en forme d’ « anneau » carré en béton léger, de 36 mètres de côté, et est accroché au fond marin par six lignes de nylon très résistant.
« Les éoliennes flottantes ont pour avantage sur les éoliennes posées de pouvoir être montées à terre, plutôt qu’en pleine mer, ce qui limite à la fois les risques et les coûts« , a expliqué Paul de la Guérivière.
À terme, Floatgen devrait produire l’équivalent de la consommation électrique annuelle de 5 000 personnes.
Commentaires récents