L’association de consommateurs UFC Que Choisir a lancé ce mardi 17 octobre une campagne d’alerte intitulée « S. Eau S », pour dénoncer les dérives de l’agriculture intensive, alors que s’ouvre la seconde phase des Etats généraux de l’alimentation, consacrée notamment à la transition écologique.
Toujours plus rare et polluée, l’eau des rivières et des nappes phréatiques est dans un « état calamiteux« , a affirmé dans un rapport publié ce mardi l’l’UFC-Que Choisir, qui incrimine des « décennies d’agriculture productiviste » et « l’inaction des pouvoirs publics« .
C’est dans ce cadre qu’elle lance la campagne d’alerte S. Eau S. visant à dénoncer les dérives de l’agriculture intensive.
Un constant alarmant
L’association de consommateurs met en avant la contamination persistante des écosystèmes par les pesticides, essentiellement d’origine agricole. Ces substances chimiques sont désormais massivement présentes dans la moitié des rivières françaises et dans un tiers des nappes phréatiques. Ainsi, sur 53 % des points de mesure de la qualité des eaux de surface, la norme de qualité nécessaire pour l’eau potable est dépassée. C’est également le cas dans 31 % des nappes souterraines.
Concernant les nitrates, le constat est tristement identique. Leur présence dans les eaux continentales provient à 66% de l’agriculture, suite à l’épandage des doses massives d’engrais azotés et de lisier. Sur 15 % du territoire, leurs taux dépassent 25 mg/l, c’est-à-dire le niveau au-delà duquel il devient difficile de rendre l’eau potable. Les zones les plus atteintes étant les plaines alluviales qui récoltent les eaux des grands bassins versants et sont des lieux privilégiés d’agriculture intensive.
Et c’est bien cette dernière qui serait le principale responsable de ces abus, selon UFC-Que Choisir. En effet, elle est loin encore d’avoir corrigé ses pratiques, pire « Les quantités d’engrais n’ont pas baissé en vingt ans et l’utilisation des pesticides a même augmenté de 18 % en cinq ans », déplore l’association.
Une dépollution extrêmement coûteuse
« Les consommateurs ne se rendent pas compte de la situation car l’eau du robinet est de bonne qualité pour près de 96% d’entre eux », souligne Alain Bazot, directeur de l’association.
Or l’eau potable masque la réalité de l’eau souillée et qu’il faut dépolluer. « Ce qui a un coût. Un coût astronomique », selon Michel Debiais, administrateur national de l’UFC en charge des questions environnementales.
Il déplore également que la réparation des dommages environnementaux soit toujours très majoritairement financée par les consommateurs. Via leur facture d’eau, ils « payent 88 % de la redevance ‘pollution’ et 70 % de la redevance ‘prélèvement’, soit 1.9 milliards d’euros par an ». L’agriculture, « pourtant responsable à elle seule de 70 % des pollutions en pesticides, de 75 % des pollutions en nitrates » ne paie que « 7 % de la redevance ‘pollution’ et 4 % de la redevance ‘prélèvement’ », en violation flagrante du principe « préleveur-pollueur-payeur ».
« Cette injustice correspond à une subvention implicite à l’agriculture intensive », analyse Michel Debiais. Et l’association de conclure que la politique de l’eau dans les régions est « dictée par les intérêts agricoles », ce qui a conduit à « des mesures essentiellement curatives, trop souvent sans chercher à réduire les pollutions à la source, alors même qu’il est 2,5 fois moins coûteux de prévenir les pollutions que de dépolluer ».
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